Je suis d'accord avec nightprowler et vaijuju pour mettre Hendrix à part du club 27, c'était quelqu'un de fragile, sans nul doute, qui a eu une enfance très très difficile, mais on ne voit pas aussi clairement l'auto-destruction à l'oeuvre que chez Amy Winehouse. Hendrix s'est enfoncé dans les excès de drogue, comme l'ont fait tant de musiciens, mais pour moi, il n'était pas aussi clairement "condamné d'avance", et il n'est pour moi pas très différent d'un John Lennon (qui certes a connu une fin tragique mais pour d'autres raisons, que l'on connaît), qui s'est camé pendant plusieurs années; bref, sa mort (je parle de Jimi) était un "accident", comme on peut dire d'un chauffard qui se tue que sa mort était évitable, quoique les risques qu'il finisse ainsi fussent très grands --- je veux dire par là que Hendrix n'a pas systématiquement et radicalement suivi la pente de l'auto-destruction;
En revanche, Joplin et Morrisson me semblent être dans une telle logique, et je ne comprends pas exactement pourquoi tu les dissocies d'Amy W., nightprowler (mais tu vas nous le dire !!!

) --- par exemple, l'usage massif de l'alcool dès le plus jeune âge -- alors que l'alcool n'est pas "à la mode" dans les sixties, en tout cas beaucoup moins que les drogues, notamment amphets etc -- chez Janis J. comme chez Jim M. témoignent d'un processus intrinsèque à l'oeuvre dès avant le début du succès. La drogue, chez eux, vient se superposer à l'alcool comme moyen encore plus radical de se défoncer et de se réduire en miettes -- mais elles ne sont pas au coeur d'un processus de création (élargissement de la conscience et blablabla) comme chez Hendrix ou Lennon. Je ne crois pas trop au barratin de Morrisson à cet égard, c'est son côté "mode de l'époque", mais en fait c'est avant tout un alcoolo dépressif.
Je pressens aussi que les "survivants", outre qu'ils ont eu de la chance, tout simplement, ne sont pas des personnalités aussi sombres: je connais mal K. Richards hors musique, mais pour Ozzy c'est net -- c'est plutôt un bon gars, assez barré et perturbé certes, qu'un authentique dépressif (le vrai dépressif du groupe, c'est Geezer Butler !).
Bon Scott est à part, lui aussi: son côté casse-cou radical relève presque d'une sorte de défi permanent, d'une volonté intense de vivre à fond la caisse; et c'est un soiffard "social", un de ces alcoolos 'working class' comme l'Australie en a produit par millions ... Sauf qu'à un moment l'alcool prend le dessus. Mais sa mort est un "accident" (à forte probabilité, cf l'exemple du chauffard), pas le point final logique d'une volonté de se détruire --- je dis ça, en fait j'en sais rien ... juste des impressions !
Whether I'm drunk or dead -- I really ain't too sure ...