17 aout 2024 - Croke Park, Dublin ,IEJeudi 15 août, 6h du matin :"Je suis sûr qu'ils sont encore à Paris." Le surlendemain de la date parisienne, pris d'un coup de folie, je décide de faire l'aller-retour depuis Rouen. Sur place, vers neuf heures du matin, il n'y a que trois chasseurs d'autographes se paluchant, en exhibant sur leurs téléphones des photos avec différentes célébrités : sale ambiance. La veille, ça ne s'est pas bien passé ; certains ont suivi le groupe au restaurant... La foule commence à grossir, mêlant chasseurs d'autographes et véritables fans du groupe. Christie Goodwin nous jette un regard noir en sortant, tout comme Stevie, qui jette un coup d'œil à l'extérieur depuis le hall : ça ne sent pas bon.
Aux alentours de midi, les berlines arrivent. Un membre du staff nous ordonne sèchement de reculer et nous informe qu'il n'y aura pas d'autographes. Quelques minutes plus tard, le groupe sort et monte directement dans les voitures avant de prendre la route vers l'aéroport. Petit message à Blackice, déjà sur place pour la date irlandaise : "Ils partent à l'aéroport, si jamais tu veux tenter ta chance cet après-midi." Oui, la team H2 est également une mafia organisée.
Vendredi 16 août, 4h du matin :Doux réveil avant de foncer à l'aéroport. J'arrive à Dublin dans la matinée. Frustré de la veille, je me dirige vers l'hôtel du groupe. J'ai déjà attendu trop longtemps pour faire marche arrière. Il n'y a pas beaucoup de monde, moins d'une dizaine de personnes. Assez rapidement, Matt sort pour faire une course et vient spontanément à notre rencontre pour des photos et des autographes à son retour à l'hôtel. L'horloge continue de tourner, et les fans ainsi que d'autres curieux se massent devant l'hôtel.
"Mettez-vous en file indienne, pas de photo et un seul autographe", déclare la barrique qui sert de garde rapproché d'Angus en sortant avec la légende. Je n'en reviens pas ! Enfin ! Plus de 20 ans que j'attends ce moment ! Angus signe un autographe, puis un deuxième... Helen sort à son tour, et ils montent tous les trois dans une berline. La déception est palpable chez tout le monde. Une heure et demie plus tard : "Mettez-vous en file indienne, pas de photo et un seul autographe." Ils viennent de revenir, cette fois c'est la bonne ! Quand vient mon tour, je lui tends fébrilement mon billet de Bercy 2009, accompagné d'un timide "Hi Angus". Il prend son temps, s'applique, courbé sur lui-même. Voilà, c'est enfin fait, je suis aux anges !
Je regrette de ne pas lui avoir dit autre chose que des salutations, mais l'aspect industriel de cette séance de dédicace m'a un peu refroidi. J'ai encore des étoiles dans les yeux lorsque Chris sort à son tour, incognito car Angus est toujours là ! J'en profite pour une photo et un autographe. Les choses se calment, tout le monde rentre dans l'hôtel. Stevie et Matt finiront par sortir se promener, mais pas de Brian. J'ai faim, je pars, j'ai déjà eu beaucoup ce matin !
Je pars déposer mes affaires à l'auberge de jeunesse, qui se compose d'un seul dortoir de 16 lits dans un quartier qui ne m'inspire pas spécialement confiance... Heureusement, peu de temps après mon installation, ça parle "Wurste", ça parle "Bretzel" : les vestes à patch allemandes prennent possession des lieux !
La fin d'après-midi arrive vite, et je rejoins Jul et sa compagne au Hard Rock Café, rapidement suivis par Ballbreaker et sa moitié, avant de nous diriger vers le Foggy Dew où Jedi et sa femme nous rejoindront. J'en profite pour revoir Itsuki, une amie rencontrée alors qu'elle était barmaid dans un bar à Tokyo, maintenant expatriée à Dublin.
"C'est bon, je suis arrivée". C'est alors qu'on lui réclame son ID pour entrer dans le pub qu'elle s'aperçoit qu'elle vient de perdre son téléphone. On rebrousse le chemin en regardant à nos pieds. Rien. Au moment de capituler, j'aperçois un téléphone à coque noire posé sur les pavés de la route, en face du bar. C'est un "ouf" de soulagement pour mon amie. On se permet une bière pour fêter ça. À l'intérieur du bar, l'ambiance bat son plein : on fait connaissance, on rigole. Les théories vont bon train : "Slip ou caleçon pour Angus demain ? Quelle couleur ? Taylor Momsen est-il un homme ?" "- Oui, j'en ai la preuve", rétorque Jul en sortant son téléphone...
Devant l'attitude électrique d'Itsuki, on me murmure à l'oreille que je pourrais peut-être lui céder ma place en gradin en trop. C'est une bonne idée, car à moins de 24 heures du concert, elle risque de me rester sur les bras. C'est décidé, c'est cadeau ! On galère à effectuer le transfert de billet (la bonne époque des billets papier...). "Votre ticket a été accepté !", c'est tout bon, on reprend une autre bière pour fêter ça ! Vient l'heure de rentrer. Je fais la route avec Itsuki et Blabla à la recherche de nourriture. "-38 € la pizza ???? C'est mort." On continue notre chemin vers les quartiers populaires quand, soudain, "-Oh non, mon téléphone !". Itsuki vient de le reperdre, avec sa place de concert dessus... Sans grand espoir, on rebrousse le chemin vers le centre-ville. On regarde par terre : rien. On capitule avant de se faire interpeller par l'agent de sécurité d'un pub : "Tu n'aurais pas perdu un téléphone ?". C'est ce qu'on appelle avoir le cul bordé de nouilles. On est soulagé, Itsuki prend son tramway, et Blackice trouve une pizzeria abordable. On se dit à demain, il est déjà tard.
Samedi 17 août, midi"Ça vous dit qu'on se rejoigne dans un pub proche du stade ?" "-J'ai craqué, je suis déjà dans la queue," me répond Jul'. Je rejoins Blabla pour manger un morceau avant d'aller retrouver Jul' vers 14h30, accompagné de Ballbreaker et de sa compagne croisés en chemin. La queue est... minuscule : c'est le front row assuré ! L'attente passe vite, et les portes ouvrent à 16h, soit une heure plus tôt que prévu. La sécurité nous fait lever : "Est-ce que mon billet va passer ? Merde, j'ai déjà envie de pisser." Tant de problèmes existentiels qui viennent ajouter stress et tension à ces gros événements.
On passe le portique, on court à travers les interminables galeries du stade avant d'atteindre la barrière de l'allée centrale côté Stevie, au niveau de la plateforme. Joey et son pote nous rejoignent rapidement. La fosse se remplit très lentement, ce qui laisse la possibilité de faire un tour aux toilettes et au stand de merchandising. La foule finit par se densifier, il est 18h30, c'est l'heure de The Pretty Reckless.
19h50... Le public fait la ola pour patienter pendant ce changement de plateau, et les gradins à moitié remplis pendant la première partie affichent maintenant complet.
20h00... Ça va commencer...
20h05... Toujours rien ?
20h15... On entend les gradins hurler, ils viennent d'apercevoir les membres se diriger vers la scène. Quelques secondes plus tard, le film d'intro commence, et c'est au tour du loup de hurler à la lune.
La rythmique sèche et incisive d'"If You Want Blood" résonne dans le Croke Stadium, et le groupe démarre en force ; plus aucune retenue pour cette dernière date ! Le morceau s'achève sur un speech de Brian, en roue libre :
"You know I don't talk much. Best place to finish up in is Dublin. I mean Croke Park. I'd like to thank Taylor and Pretty Reckless for being with us, they've been fantastic. And also the AC/DC road crew. Our roadies. Best in the world and they've never missed a beat for sure. Lads in the back. Give them a hand."
Il pointe alors le doigt vers le groupe et annonce : "Back In Black".
Vient le tour de "Demon Fire" et "Shot Down in Flames", qui retrouve sa place dans le set, contrairement à la dernière date à Paris où "Hell Ain't A Bad Place To Be" avait été joué à la place. On notera d'ailleurs un magnifique plantage de la part d'Angus qui, dans l'euphorie de cette dernière date, a oublié le pré-solo, terminant ainsi son solo trop tôt !
"Thunderstruck", celle qui aura été un véritable chemin de croix durant cette tournée, vient de se terminer, enchaînant avec "Have a Drink On Me", "Hells Bells", "Shot In The Dark", et "Stiff Upper Lip". Le pilote automatique est coupé quand je vois Angus affublé de ses traditionnelles cornes : "Highway To Hell". Le morceau mythique a été remonté en milieu de set. Pourquoi avoir attendu la dernière date pour le faire ? C'est un mystère...
S'ensuivent "Shoot to Thrill" et "Sin City", qui auront été pour moi les morceaux les plus réussis de toute la tournée ! Magnifique performance de Brian sur la première, et Angus déchaîné, frictionnant sa cravate contre sa SG sur la seconde.
"Rock'n'Roll Train", "Dirty Deeds Done Dirt Cheap" que Matt Laug aura remis au goût du jour... Plus de surprises maintenant, le set suit son cours : "High Voltage", "Riff Raff", "You Shook Me All Night Long", "Whole Lotta Rosie"...
On croise une dernière fois le regard, autrefois possédé, aujourd'hui fatigué mais toujours solide, d'Angus lors du solo de "Let There Be Rock".
Le groupe quitte la scène pour son traditionnel faux rappel, avant de faire donner de la voix au public sur "T.N.T.".
"For Those About to Rock" démarre. J'ai la boule au ventre et la gorge serrée : cette intro vient sonner le glas de cette folle tournée que j'ai eu la chance de suivre sur cinq dates. Les souvenirs de Séville, Hockenheim, Dessel, Paris refont surface, mais aussi ceux des tournées précédentes. Le groupe donne tout ce qu'il lui reste, la version est magistrale. Je garde en mémoire cette image d'Angus en solo, à côté de Brian, braillant ses derniers "We Salute You" comme si leur vie en dépendait. Brian fond en larmes et s'égosille sur son ultime "FIRRRRRREEEEE ! YEAH YEAH YEAH YEAH YEAH !!!!". C'est bon, il est allé jusqu'au bout de la tournée ! Angus fait durer le final, galope une dernière fois sur l'avancée pour saluer le public dans une apocalypse sonore démentielle. Dernière détonation des canons.
"We salute you, Dublin! We thank you! We love you! Good night!" Brian salue une dernière fois son public avant de quitter la scène. Pas de rappel, les roadies commencent à démonter le matériel. Ultime photo de groupe, Samcdc nous rejoint pour un debrief : quelle soirée !
Celle-ci se terminera sur quelques dernières bières en centre-ville avant de se dire finalement au revoir après ces trois mois de tournée.
Dimanche 18 août, 08h00Gueule de bois de cette fin de tournée. Je vais errer en centre-ville à la recherche d'un petit déjeuner. Pour prolonger un peu la fête, je retourne à l'hôtel du groupe, déjà pris d'assaut par les fans. Blackice me rejoindra par la suite. Des cartons marqués "Chris Chaney", "Matt Laug" sont chargé dans un fourgon... Ils sortiront quelques minutes plus tard sous de timides applaudissements. Personne d'autre ne sortira et c'est déjà l'heure de retourner à l'aéroport. Une tournée d'AC/DC ne peut pas être réussie sans galères de transport ! Décollage avec 2h de retard, changement de porte en plein milieu de l'embarquement, arrivée à minuit à l'aéroport de Beauvais, 1h de marche en pleine nuit pour rejoindre le centre, et 1h30 de route pour conclure ce long retour. Le sommeil ne se fera pas attendre par la suite.
Quelques photos ici :
Je terminerai cette (trop longue) review par le ressenti d'Itsuki :
Fuuuuuuuuckin' beautiful night.
And the really cool people I met at this concert.
I will never forget it. I don't want to forget it.
I'll probably never forget this day.
par Madi » 16 Août 2024, 21:18 
Longtemps.
