Quoi que chacun pense, reconnaissons qu’ils bossent, qu’ils proposent, qu’ils s’activent, qu’ils se risquent, qu’ils se défendent. Je cherche. Je n’ai rien à reprocher. Ils sillonnent les salles petites et moyennes sans rechigner, inlassablement, depuis qu’ils ont finalisés ce dernier line up (quoi 6 ans ? 8 ans ?). Y a ceux qui prennent. Tant mieux d’un côté. Et ceux qui ne prennent pas ou plus. Tant pis de l’autre.
Ce soir, l'actualité c'est qu''ils sont à 7kms de la maison, devrais-je faire la fine bouche ? Je cherche. Rien à perdre.
Qui plus est, le concert du soir est dans le cadre d’un festival local (et circuit court). Le thème c’est chanson française dans toutes ses formes. La décision est prise au dernier moment : direction ce premier octobre dans ce tout petit théâtre parisien banlieusard au pieds des tours d’une cité sans doute encore un peu ouvrière.
Acoustique ? Original. Tout à y gagner. David Jacob sera-t-il avec sa contrebasse ? Et le batteur ? Y en aura-t-il un ? De quelle couleur le bob sera-t-il fait ? Je cherche. Pas de pression, tout ça est sans importance.
Entrée en matière : sans doute moins de 300 places dans cet amphithéâtre et point de contrebasse mais une batterie simplissime avec juste un micro qui pendouille au-dessus de la caisse claire, des bougies au sol, pas de tapis, des guitares en bois, un pupitre. Le décor est planté. Place aux musiciens.
Norbert Krief, élégant, à gauche vu du public et Ismael Izo Diop à droite sont sur le devant de la scène. Au plus près du public. Sur la droite d’Izo, en retrait, muni d’un bonnet orné d’une élégante tête de mort et d’un T-shirt floqué à son nom, à peine mégalo au second degré , son voisin est bon. J’ai oublié son nom dans un acte manqué. Je ne veux brusquer personne. Je cherche. Au centre, Christian Dupuy est là, lui aussi bonnet sur la tête et bras droit tatoué. Et enfin David Jacob, bassiste que j’apprécie au plus haut point, sourire carnassier vissé aux lèvres, sans bonnet, sans un poil sur le crâne non plus, tout de noir vêtu, chaussures comprises (sans doute faute de tapis au sol).
Bernie salue poliment et calmement, nous remercie d’être là et annonce commencer par une reprise de Ike et Tina (The hunter) : ça pue le blues et la soul et c’est bien. Très belle entrée en matière franchement. C’est cool. Bernie est assis sur son tabouret. Face à son pupitre. La voix posée à la fois grasse, vieillie au fut de chêne et puissante. La caisse claire produit un son de casserole assez déroutant et la guitare sèche du soliste manque un peu de volume sonore quand on a envie que ça pète. Ce sera comme ça tout le temps, dommage. Rien à dire au niveau sonorisation par ailleurs.
Les titres s’enchainent sans trop de blah blah entre. Etonnant. Je ne sais plus très bien dans quel ordre. Je cherche. Cela devait ressembler à ça : Démocrassie ( « leur petit go down de vieux fans qui ne peuvent s’en empêcher » me dis-je), Misère ( une grande réussite de ré-arrangement tant sur RECIDIV III que ce soir. I love it), La première pierre (du dernier album donc), ma vie, j’men fous pas mal ( excellentissime moment, merci Edith d’avoir soufflé l’idée), Dimanche soir au bord du gouffre (hé, finalement, c‘est pas mal ça) etc, etc…
Lorsque les murs de la cité résonnent enfin, tout le monde voit le sourire en coin de Bernie. Nous avons bien hurlé. Il est content. Et nous aussi d’ailleurs. Excellent partage. Saumur suit un peu plus tard. Forcément. Mais si je me souviens bien nous n’aurons eu droit qu’à 3 titres disons de référence. Aucun du 1er album. (ou alors j'étais au ravito à ce moment, sorry). Trust délivre principalement une revisite des 3 derniers produits. Je cherche. Mais personne ne semble déçu. C’est assez notable. Ah tiens, on s’arrete un temps pour faire une pique sur l’actualité mais aussi pour rappeler que la misère d’où qu’elle vienne est détestable. Oui bon c’est vrai. Je suis d’accord. De toute façon on est tous d’accord. Sinon on ne serait pas là.
On glisse vers la fin doucement. A pas de velours. Le spectacle et l’ambiance est très très cool. Mais je ne dirai pas ennuyante pour autant. C’est un peu comme une soirée entre vieux amis, public compris. Tout le monde a l’air d’apprécier. Ils nous saluent, ils s’en vont. Ils reviennent. Déjà servi. Tout ce qui les traverse les bouleverse. Excellent morceau en rappel ( différent bien sûr de l’album mais tout aussi efficace dans son style dépouillé.) Ils nous saluent encore, nous remercie d'être là et ne reviennent pas.
Tout au long de la soirée je me disais que le tube ne serait pas à sa place. Ils ne l’ont pas joué. Et franchement tout le monde s’en fichait car c’était très bien comme ça.
On peut penser ce qu’on veut. On peut blâmer, regretter, ergotter. J’ai eu des doutes aussi. Si tu es sans scrupule, tu peux les dénigrer. Moi, j’ai la preuve hier soir que Trust est un groupe majeur dans notre panorama musical hexagonal. 40 ans de services. Toujours là. Pas pareil. Mais vivants. Bravo. Restez solidaire, restez en colère.