Bernard Minet au Nouveau Casino (Paris), le 13 février 2020A la lecture du titre de cet article, j'en imagine déjà certains en train de hausser un sourcil interrogatif en disant: "Non… ils ont fait ça?" Eh bien oui, ils l'ont fait, ou plutôt il l'a fait!
Dans le même esprit que sa mini-tournée avec les Cowboys de l'Enfer en 2004, Bernard Minet, le chanteur/batteur des Musclés et - n'ayons pas peur des mots - idole de toute une génération, se lance à nouveau dans le Hard-Rock, et même dans le Metal comme l'indique le nom de ce projet.
Et c'est le 13 février, à la veille de la sortie de son album composé de reprises de génériques de notre enfance en version Metal, que Bernard Minet pose ses valises dans la capitale, le temps d'une soirée au Nouveau Casino.
Ayant quitté le boulot à peine une heure avant, v'là-t-y pas que je me retrouve dans la file d'attente ridiculement petite juste derrière d'autres Cast Members, ainsi que des Passes Annuels Disney; ça promet.
La pluie est au rendez-vous, pas trop forte heureusement, le froid aussi, et c'est seulement à 19h30, soit 1h30 après mon arrivée, que les portes ouvrent, tandis que la file d'attente s'est considérablement allongée (le concert était complet depuis plusieurs jours).
The Roadies Of The D (20h - 20h40)
Avec un tel nom, les fans du duo de Rock parodique Tenacious D ont tout de suite fait le lien: il s'agit d'un tribute band. Le concert commence sur les escaliers au fond de la salle, les deux musiciens en descendant puis fendant le public sur un riff de guitare qui s'avèrera être, une fois montés sur scène, une reprise de "Flash" de Queen.
Même si nos deux trublions ne ressemblent en aucun cas physiquement aux membres du vrai D, le chanteur principal est réellement le sosie vocale de Jack Black; il a également la même carrure… L'interprète de Kyle Gass se démarque, quant à lui, avec un magnifique look chaussettes blanches/tongs.
Même si le public ne semble pas connaître Tenacious D, la sauce prend, l'humour fait mouche, et la petite reprise d'"Ace Of Spades" fait monter l'ambiance d'un cran, ainsi que celle de "Chop Suey!".
Mais le set n'est pas composé uniquement de reprises, et les morceaux du D original sont extrêmement bien interprétés, que ce soit musicalement ou gestuellement, avec une mention spéciale pour "Tribute" et "Fuck Her Gently", cette dernière faisant office de conseil pour les hommes en vue du lendemain. Dommage que "Rize Of The Phenix" ait été joué sans la partie électrique; je n'aurais pas craché non plus sur un petit "Deth Star", ou sur l'énorme "Beelzeboss" (mais sans amplification derrière, ça n'aurait pas été pareil).
Setlist de The Roadies Of The DBernard Minet Metal Band (20h58 - 22h12)
Après une balance difficile due à la musique d'attente qui beuglait dans les haut-parleurs tandis que les musiciens tentaient de régler leurs instruments, Bernard Minet arrive triomphalement sur scène. Pas d'intro pompeuse ou d'entrée fracassante, le chanteur, arborant un magnifique t-shirt Son Goku avec le logo de Maître Kaio dans le dos, nous gratifie de quelques mots de bienvenue avant de lancer "Goldorak Go".
Et c'est le début d'une expérience vraiment étrange: il s'agit du premier concert auquel j'assiste où le public connait par cœur les paroles d'absolument toutes les chansons. Pour ma part, je bloque sur "Silver Hawks" qui est le 2ème titre joué, et sur "Conan l'aventurier" un peu plus tard.
Mais le plus étrange, c'est quand même de voir tous ces Metalleux composant un bon gros 90% du public reprendre en chœur les génériques télé de notre enfance avec leurs grosses voix sur des gros riffs de grosses guitares. A propos, c'est le groupe de Thrash cannois Heart Attack qui accompagne Bernard sur ce projet, et autant dire qu'ils y prennent plaisir! Et du plaisir, Minet en prend également, n'hésitant pas à s'auto-parodier en demandant à l'audience de chanter avec lui le fameux "Biouman" des Inconnus avant de lancer l'original, ou de répondre lorsqu'un spectateur lui dit "On t'aime", "Moi aussi, mais je préfère Hilguegue"!
Le chanteur, 66 ans au compteur, transpire déjà au moment de ce 3ème titre, mais assurera son poste jusqu'au bout sans faillir. J'ai tout de même une petite déception de le voir utiliser des fiches pour ne pas oublier les paroles, mais ce sera le seul réel défaut de cette soirée. Vocalement par contre, rien à redire. Bien sûr, aucune montée dans les aigües et pas de growl, comme certains l'espéraient dans quelques forums (sérieusement…?): Bernard Minet fait du Bernard Minet, mais il le fait bien.
"Les Samouraïs de l'Eternel" précède une version Speed Metal du "Collège fou fou fou", avant une longue partie du concert composée de reprises. Et au final, on s'aperçoit vite que Minet n'a pas chanté énormément de génériques; tous les prochains titres ne sont pas de lui: "Ranma ½", "Jeanne et Serge", "Denver le dernier dinosaure" (qui sera jouée deux fois), "Olive et Tom", "Nicky Larson"… d'ailleurs si l'on m'avait dit un jour que Bernard Minet demanderait lui-même un wall of death sur "Ken le Survivant", je ne l'aurais pas cru!
Avant ça, c'était déjà la folie dans le public: des pogos, du stage diving, certains finissant même sur scène pendant quelques secondes, la sécurité laissant faire tant qu'il n'y a pas de débordement. Minet ne se laisse pas démonter, même si je sens poindre un certain agacement, mais peut-être est-ce dû à sa concentration pour ne pas perdre le fil.
N'oubliant pas son métier d'origine, le chanteur redevient batteur un court instant, le temps d'un solo qui, sans être aussi impressionnant que Mikkey Dee ou Dani Löble, permet de constater que non, Bernard Minet n'était pas un clown qui faisait semblant de jouer: c'est un vrai cogneur, avec une très bonne technique et un excellent feeling. Compte-tenu du contexte, ce passage est vraiment cool!
La fin du show approche, ainsi que le retour des morceaux "made in Minet", ou presque. "La Fête au village" fait office d'hommage aux Musclés disparus, Papy René et Framboisier, ainsi qu'à Arianne. Chanson joyeuse pour célébration un peu triste… Mais l'amertume est de courte durée lorsque le chanteur annonce coup sur coup deux de ses morceaux les plus célèbres, les deux provenant du même dessin animé: "La chanson des Chevaliers" et "Les Chevaliers du Zodiaque"; à ce moment, c'est à se demander pourquoi il prend la peine de tenir le micro, alors qu'il pourrait simplement laisser faire le public!
Etrangement le dernier titre n'est pas de Minet, mais ce générique est tellement culte que ça passe crème: "Capitaine Flam" clôture la soirée, malheureusement sans rappel.
Heart Attack distribue quelques médiators et baguettes et reste un petit moment après que Bernard Minet se soit retiré dans sa loge (en même temps, ils ont la moitié de son âge).
En résumé, impossible de ne pas passer une bonne soirée, si tant est que l'on soit quarantenaire: les chansons jouées ce soir sont inscrites dans nos mémoires à jamais, ce sont les meilleurs souvenirs de notre enfance. Peut-être que Bernard Minet joue un peu sur l'opportunisme de faire appel à la nostalgie du Club Do' et à la mode actuelle du "tout Metal" (même Henri Dès s'y est mis), mais le bonhomme dégage une telle sympathie qu'on lui pardonne. Et quand on pense que le premier groupe auquel il a appartenu était un groupe de Hard-Rock, ce n'est peut-être pas si bizarre que ça en a l'air.
Setlist de Bernard Minet Metal Band