Le vendredi commence quant à lui à midi. J'ai très mal dormi. Je me réveille à moitié en sursaut à cause d’un mec pas loin de notre voiture qui gueule à propos de sa caisse, qu’on lui a niqué sa peinture. Immédiatement, je sens que ce coup de gueule, c’est dirigé vers moi. Rien à faire, j’suis pas en état de me castagner avec quelqu’un pour une simple rayure sur une bagnole, d’autant plus que je suis quasiment certain de n’y être pour rien, parce que j’avais pris d’énormes précautions avec ma portière. Pourtant, une chose me décide à me lever vraiment, la coiffure en pétard. Quelqu’un qui lance au gueulard « T’as qu’à relever le numéro ! ». Merde, ce serait pas l’tout si mon pote se prenait des ennuis à cause d’un gars qui pousse des hauts cris pour des queues de cerises.
A peine levé que le charmant monsieur toque au carreau et m’invective. J’ai beau lui dire que je n’y suis pour rien, que j’ai pris toutes les précautions nécessaires pour pas abîmer sa tire, il ne veut rien savoir. Mais pourquoi il gueule dès le réveil, ce con ? Je sens qu’il va me péter les burnes assez longtemps, sachant qu’il parle déjà de constat et d’autres trucs du genre. Histoire de calmer le jeu, et de le voir se tailler pour que je termine ma nuit, je sors mon portefeuille en lui demandant combien ça va lui coûter cette rayure quasiment invisible (bon, 5cm, OK, mais juste au-dessus de la roue, c’est pas bien méchant). Le temps d’un appel pour son garagiste, et il annonce à un
Gato' estomaqué que ça va me coûter dans les 300 euros.
Quoi !!!? Ça a au moins le mérite de me réveiller totalement. Je commence à en avoir sacrément marre de le voir tourner autour de moi, et de l’entendre rameuter les mecs de la sécurité. Une démonstration valant mieux que des grands discours, j’ouvre en entier ma portière, en faisant trèèèès attention, pour lui montrer que c’était impossible que ce soit moi le coupable. En effet, ma portière touchait bien sa caisse (merde !) mais elle s’arrêtait au début de la rayure, et ne pouvait en aucun cas aller jusqu’au bout sans démolir entièrement la tôle. Cet enf**** n’est pas convaincu pour autant. Il force mon chauffeur à dégager de la bagnole pour nous montrer qu’avec moins de poids dedans, notre voiture allait se soulever un peu, et aller jusqu’au bout de la rayure. De mauvaise grâce, Alex bouge, et, ô miracle, la voiture ne bouge pas d’un poil. Déçu, le gueulard appuie comme un taré sur le capot pour nous prouver que c’était bien nous, avec nos deux poids dans la caisse. Il a beau y mettre toute sa force, et il en a, la voiture ne bouge toujours pas. Il prend la mouche, menace d’appeler la gendarmerie, alors que les mecs de la sécurité, qui ne sont pas des bouseux non plus, ont pris notre parti et essayent de l’en dissuader. Finalement, il se barre, déçu de n’avoir pas pu se rembourser grassement son festival sur le dos de jeunes étudiants… Il aura eu le mérite d’essayer.
Mon chauffeur et moi, on gagne maintenant le site, on rencontre des gens que l'on connait plus ou moins, on les rejoint sur le camping. Le camping d'un festival, ça fait limite peur. C'est de la beuverie qui ne s'arrête jamais, ça ne vaut vraiment pas le coup que j'en parle. Par contre, c'est amusant de voir les dégénérés du bulbe (c'est affectueux, je précise) qui se sont déguisés, ou qui arborent des drapeaux extravagants. Superman rencontre son ami super-héros Spiderman, les drapeaux arborant une pinte de bière côtoient un drapeau breton composé de strings. C'est sympa, c'est bon enfant, et ça fait sourire et ça réchauffe le coeur après le désolant spectacle de loques humaines titubant sur le camping.
Malheureusement, j'arrive trop tard sur le site pour voir le set de
Yael Naim, dont on m'avait dit pourtant pas mal de bien. Les échos que j'en ai eu plus tard m'ont dit le contraire, et j'ai tendance à les croire, car ça vient de rockeurs

. J'entends plus que je n'écoute la dernière chanson, et j'essaye, pour rigoler, de me joindre aux choeurs du public encouragés par la chanteuse. Rien n'y fait, c'est foutrement trop aigu pour ma pomme, mes cordes vocales sont en mauvais état après avoir gueulé pour
Motörhead. Tant pis, de toute façon, ça me plaisait pas forcément. Alors direction la boutique des artistes alors que mon chauffeur m'a lâché pour d'obscures raisons. On claque gaiement 55 euros pour un tish de
Motörhead (pas forcément super beau, mais c'était le seul qui restait) et un autre des
ZZ Top (largement plus classe). J'ai rendez-vous avec Marie à 20h, ce qui me laisse largement le temps de flâner entre les scènes, et d'essayer de repérer quelqu'un avec un home-made T-shirt proclamant qu'elle est la femme d'Axl Rose. Je joins ma voix éraillées aux fameux slogans
"Libérez Bob L'Eponge!!" et autres
"C'est à bâbord, qu'on gueule le plus fort etc..." D'ailleurs, le chanteur de
Ben's Brothers fait une petite réflexion assez drôle à propos de
Sponge Bob.
J'avais cru faire le tour entier du site à pied, mais je me suis rendu compte, trop tard, que ça n'était pas le cas. Ce n'est qu'en m'approchant du lieu de rendez-vous des p'tits suisses, le bar, que je prends connaissance de la scène Xavier Grall, d'où j'entends des gros riffs de guitare qui cassent bien la baraque, et un public aux anges. Du coup, je me dis que Marie est sûrement là-dedans donc j'essaye de la rejoindre. Malheureusement, alors que je tape du pied au rythme du hardrock énervé de
Buddy Blues (influence AC/DC sans aucun doute), je regarde le programme et m'aperçoit qu'il ne reste plus que 5 min au combo pour terminer son set. Ça a été LA grosse déception pour moi de ce festival, de manquer ce groupe qui paraissait très prometteur. Ça envoyait dur, le guitariste chanteur était particulièrement en forme, et montrait sa technique sans fioritures. Juste du bon vieux rock'n'roll comme on aime, en fait.
Enfin bref, à peine le temps de rejoindre Marie et Maxime au bar, de leur offrir une deuxième mousse (qui a dit que les Bretons ne savaient pas accueillir?) que mon chauffeur se barre aller voir
Christophe Maé. Je reste au bar, à deviser et raconter des blagues pourries aux p'tits suisses. La montre nous dit qu'il est bientôt l'heure de rejoindre Alex au devant de la scène. Il a été très déçu par
Christophe Maé. Il n'est pas fan à la base, mais apprécie une ou deux chansons. Sa grosse déception, et rancoeur envers l'artiste, c'était le set composé de quelques chansons seulement de son album, et d'énormément de reprises diverses,
Bob Marley, Black Eyed Peas et autres... Personnellement, les deux seules choses que je lui reproche, à ce mec, c'est tout d'abord une chose que j'ai lu sur le journal, à savoir le fait qu'il aie salué le public des
Francofolies, et puis aussi d'avoir squatté la scène sans vouloir la quitter, même 20 min après la fin officielle de son concert. Du coup, les
bikers et autres
rockers qui voulaient voir les barbus les plus célèbres du monde le sifflaient copieusement. Enfin, il quitte la scène, son public part, et on peut s'installer le plus près possible des barrières pour voir les
ZZ Top. On patiente tant bien que mal, en regardant, et entendant plus qu'écoutant
Daniel Darc, qui remplace au pied levé
Aaron. Il a du faire un concours avec
Pete Doherty, parce qu'il est lui aussi raide à chier sur la scène, se tenant debout difficilement... Rien que ça, ça me donne pas envie d'écouter le groupe plus attentivement.
Par rapport à
Motörhead, je suis un peu moins bien placé, parce que la foule est beaucoup plus compacte que pour Lemmy&co'. C'est bien ma veine, je suis entouré de grands, ou alors de boulets qui font chier leur monde.. Espérons qu'une fois le concert commencé, je réussisse à grapiller une place aux premiers rangs. La batterie est installée, elle est d'ailleurs magnifiques, et encore une fois, les
roadies testent le matos. On trépigne d'impatience, et enfin le trio venus du Texas débarque sur scène. Belle entrée en matière avec le triptyque "
She Got Me Under Pressure/Waitin' For The Bus/Jesus Just Left Chicago" qui donne le ton au public. C'est du rock'n'roll, ça décoiffe, et on est là pour tous bouger en rythme!
ZZ Top est en forme, et ça se voit. Le show reste cependant assez classique mais efficace, on sent qu'il est rôdé depuis très longtemps. Les chorégraphies sont bien exécutées, les barbus savent ce qu'il doivent faire, et ils le font. Très peu d'originalité et de communication avec le public, mais ce dernier est tout acquis à la cause des rockers. Ce n'est pas tous les jours qu'on reçoit des légendes vivantes en Bretagne profonde.
Billy Gibbons et Dusty Hill, les
frontmen occupent assez bien l'espace qui leur a été alloué, même s'ils semblent déserte quelque peu leur côté gauche, où, bien évidemment, je me trouve.
Juste avant l'énorme tube
I'm Bad, I'm Nationwide, j'ai la surprise de voir une femme débarquer sur la scène, poser quelques questions à Billy en français, pour lui permettre d'annoncer la chanson. C'est là qu'il dit qu'il est venu avec sa "Hot Rod Twingo" qui donnera son nom au bootleg. Il parle assez bien français, mais on peut quand même regretter le fait que l'échange soit trop téléphoné et pas assez naturel.
Le concert continue comme il a commencé, une véritable décharge d'énergie pure qui se déverse sur tout le public. On hurle, on balance la tête, on tape du pied et on joue des coudes pour se frayer une petite place. Durant les deux derniers tiers du concert, j'ai martyrisé bien involontairement une petite mais néanmoins très charmante demoiselle prénommée Astrid, au père si.... impressionnant, en essayant de me tenir fermement à la barrière. J'ai du lui exploser le bide et quelques côtes. Je me suis bien sûr excusé après le concert. J'aurais bien voulu l'inviter à boire un coup pour que les excuses soient complètes, mais sachant que le père m'avait démoli plusieurs fois pour récupéré sa place, j'ai pas osé huhu^^
L'excitation est à son comble lorsque démarrent les chansons
"Cheap Sunglasses", "Gimme All Your Lovin'" et "Sharp Dressed Man". Elles sont, comme le concert tout entier, remarquablement exécutées, et terriblement efficaces. Mention très spéciale au solo à une main dispensé par Billy au final de je ne sais quelle chanson. 13 chansons jouées, déjà, et le groupe quitte la scène. C'est un peu trop brut pour la foule qui scande "ZZ Top" et réserve une ovation méritée au trio qui revient en rappel nous jouer les méga-tubes
"Legs", "La Grange" et "Tush". Je ne connais pas les chansons suivantes, mais elles ont l'air beaucoup plus calmes que les précédentes. Puis le groupe quitte la scène, définitivement cette fois-ci. Le public ravi les salue comme il se doit.
Plus tard, l'excitation retombée, je rejoins Alex pour le concert de
Calvin Harris, un DJ belge qui ne sait s'exprimer qu'en anglais. On se croirait dans une boîte de nuit géante, et en plein air. Pas du tout ma tasse de thé, mais je reste quand même pour faire plaisir au chauffeur. Je quitte sans regret la scène pour aller rejoindre la voiture peu de temps après.
Voici donc ma review complète et détaillée du festival. Avec le recul, quelques déceptions cependant persistent. Notamment le manque cruel de communication des Top envers le public, le fait d’avoir complètement raté le show de
Buddy Blues pour avoir été trop con. Déçu aussi de n’être resté que deux jours, et d’avoir manqué
Matmatah et Gad Elmaleh. Mais bon, ces deux jours resteront pour moi un trèèèès grand souvenir.
J’ai vu deux des désormais rares légendes du rock encore en activité. Comme le disait Thierry Roland en son temps,
« après avoir vu ça, on peut mourir tranquille. Le plus tard possible, bien sûr, mais on peut. » Il ne me manque plus qu’AC/DC (peut-être en 2009 ?) et je serai le plus heureux des hommes !