par iangillan » 10 Déc 2010, 10:14
Quelques éclairages disparates et subjectifs sur le concert de Pau hier 9 décembre. Un excellent concert, inespéré vu les craintes relatives aux cordes vocales enrhumées d'Ian Gillan.
Comme je le disais un jour sur un autre forum, aller voir Deep Purple c'est aussi aller voir un funambule sur la corde raide: Ian Gillan. Sa mimique y contribue pour une part -- il arbore cet air de souffrance qui semble dire: je donne tout, tout ce que je peux, tout ce qui me reste; mais il est également vrai qu'il lui arrive de dérailler ici ou là, du moins: cela lui arriVAIT, car c'était avant de passer à une attitude raisonnable, décrite sur par certains comme l'attitude suppo-dodo (pas de verre de bière à la main comme jadis !); raisonnable également dans sa façon d'aborder les passages difficiles sans chercher à reproduire coûte que coûte ses lignes mélodiques et ses cris de jeune homme.
En tout cas, hier soir, il a été clair d'emblée, dès le redoutable et redouté Highway Star, que ça passerait !
Nous avons eu Gillan tel qu'en lui-même, bizarre, drôle, et chantant comme un Dieu (de 65 ans).
Les deux heures (ou presque) de show ont été pour moi une fête de bout en bout. Certes, pas de changements dans la setlist par rapport à Bordeaux en novembre, mais des variations ponctuelles qu'il serait fastidieux de décrire, et qui font qu'on n'a pas l'impression d'une reproduction à l'identique: il est clair que ce groupe est vivant. On aurait bien aimé juste une ou deux variantes, comme en 2009, mais bon, les 16 titres + les instrumentaux et soli sont un vrai plaisir, partagé par un public relativement chaleureux (pour Deep Purple), même si je ne suis toujours pas subjugué par Silver Tongue ou Almost Human (encore une fois, ces titres sont bons, mais pas aussi remarquables que le reste). De tout le concert,il n'y a RIEN à jeter, tout est bon. Le set est vraiment bien conçu, avec cette enfilade de 4 titres d'entrée, une suite plus classique de trois morceaux isolés, la séquence centrale Steve Morse avec la récré vocale de When a blind Man cries, puis le retour aux grands titres de plus en plus classiques: une paquet bien ficelé.
Pour moi, le grand truc de cette tournée, c'est Hard Lovin Man. C'est un titre qui s'est bonifié dans sa version Mark 8 (corrigez-moi si je me trompe de Mark, une chatte n'y retrouverait pas ses petits). Et notre Ian y montre ce qu'il a encore dans le ventre ! Autre remarque, par rapport notamment à ce titre: le son actuel de DP a légèrement évolué, avec des claviers plus présents, et une combinaison claviers/guitare très ronde, très chaleureuse, presque un peu suave. Je ne saurais décrire au juste pourquoi, mais on a l'impression que Airey et Morse ont d'une certaine façon fusionné en un son harmonieux, dans la tradition, certes, mais nouveau (je ne suis pas clair, là ...). Pour dire les choses plus brutalement: on a l'impression que Morse et Airey SONT Deep Purple, alors qu'avant ils jouaient DANS Deep Purple. En réécoutant les premiers live de la Mark 7, on avait notamment l'impression que Steve était une (excellente) pièce rapportée, avec un son très "guitar hero américain", alors qu'aujourd'hui, il s'intègre parfaitement dans l'émulsion. En tout cas, bravo et toute mon admiration à ce duo hyper mélodieux qui nous fait vraiment oublier Lord/Blackmore.
Quant à la rythmique Glover/Paice ---- c'est tout simplement les meilleurs, à mon humble goût tout du moins. J'adore cette rythmique enlevée, lourde et légère, pleine d'allant, presque "optimiste" !
Vous l'aurez compris, on a passé une soirée extraordinaire. Je me suis amusé comme un gosse !! Et mes acolytes non-fans ont beaucoup, beaucoup aimé, preuve que DP sait encore acquérir un public nouveau grâce à ses tournées inlassables dans les recoins de l'hexagone. Vous imaginez Robert Plant à Pau ? Ozzy Osbourne à Angoulême ? Ben non, et ils ont tort.
Whether I'm drunk or dead -- I really ain't too sure ...