Jeudi 16 septembre 2021. 42 eme année de plaisir non dissimulé à écouter régulièrement Flick of the switch. Presque 10 mois sans écouter Power Up. 619 ème jour sans concert rock live.
Morosité ambiante. Bref, c’est décidé presque à l’improviste, ça suffit.
Je rentre alors dans un métro bondé dont les portes et les barres métalliques de soutien suintent le covid à tour de bras. Je déboule Paris 10eme, rue des Petites écuries, bondée. Du monde à donner le vertige tellement je ne vois plus personne au-delà d’une densité de 1 personne au m² depuis des plombes.
Pfiu. Vite une bière. Une minimum CB à 8€ siouplait. J’ai décidé de me rabibocher avec le live il ya 2 jours. J’ai regardé ya quoi pas loin et hop Laura Cox Band parce que pourquoi pas et surtout va y a voir du son. Ce sera toujours mieux que le vide sidéral. Bon, en secret, j'aime bien ses videos et sa maitrise de la penta aussi.
Je n’aime pas le New Morning généralement, trop de monde, des poteaux qui empêchent de voir la scène depuis le bar. Et pour moi le bar dans une salle c’est important. Presqu’autant qu’une barrière. Point de barrière. Grolsch à gogo. Minimum CB à 8€.
Ah ! De l’espace, y a pas foule. on peut s’approcher. Ah la la, quelle ambiance d’avant show. Du monde, beaucoup de chauves, et surtout une vue imprenable sur une batterie, des amplis, des grattes bien rangées au fond. Putain j’avais oublié. J’en pleurerais presque.
Ce soir c’est acoustique il parait et quand le groupe se faufile, nous sommes tous bien silencieux. Inspiration. Expiration. Et ça commence. Pas vu Laura Cox depuis des lustres et encore la seule fois où je l’ai vue vivante elle était en special guest de julien Bitoun donc loin d’être la star. Là elle arrive encore en toute simplicité. En douceur. J’aime bien le calme. L’impression ouatée d’un doux réveil à la vie. Idem pour ses acolytes. « Mon groupe » qu’elle dit. Mais sans aucune prétention non plus. J’apprécie.
Premiers accords. Décompression.
2eme goulée de pinte. Minimum CB forever. On est au 2eme ou 3 eme morceau , je ne sais plus. J’ai un joli sourire qui me barre la tronche. C’est chouette la musique. Dreams. Fleetwood Mac. belle reprise. Laura n’est pas une grande chanteuse à voix mais juste ce qu’il faut, presque fragile. Dreams. Jouée. Chantée à la perfection. J’adore. Fuck le Covid.
Tagadzin tagadzin. Voilà le banjo. Puis la 12 cordes. La batterie un peu trop présente pour un set acoustique mais moi qui gueule « plus fort !! » entre 2 titres parce que je ne peux pas m’en empêcher. Et Laura qui dit "Attends". Et un peu plus tard aussi Blackberry Smoke, ok j'irai voir sur Wikipedia. Décidément les enfants, va falloir arrêter les écrans.
Pause. Entracte. Minimum CB. Je commence à m’envoler doucement.
Back to the stage. Laura envoie la sauce. Mathieu suit. Gibson Power. Ça pète grave. Putain du rock. Je crie. Je hurle. J’exulte presque. Ça fait si longtemps. Franchement, c’est pas l’originalité musicale du siècle. Mais on le sait. Laura c’est du blues rock old school, bien envoyé en l’air et je t’emmerde. Donc c’est bien fait. C’est excellement bien fait. Guitar héroïne. On sort le grand jeu ? Tiens prends l’oiseau de feu dans la tronche ( firebird tu piges ?). Feu ! Feu ! J’adore ce boucan. Parfait. Marine à la basse est plus poilue qu’un dé à coudre et ça headbangue à tout va.
Minimum CB le retour. Shout ! Mathieu se la joue champion de guitare. Attitude à la Slash sans chapeau. Chemise à fleur grand’ouverte. Frisette au vent. Moustache en bandoulière. Héro à son tour. On prend la pose. On crie notre joie.
C’est bien roots mais jamais caricatural. C’est frais et ça sent les sous-bois d’automne à la fois. Pêche et poire en même temps. Macron go home. La saveur du fruit. La chaleur de l’alcool en bon vieil alambic du fin fond d’Armagnac. Course landaise. Tradition et jeunesse. Rock’n’roll thunder. Au final, c’est quoi que je pense ? Que je ne pense plus. Que je tape du pied depuis 1 heure. Que je dis des conneries entre les chansons. Que ma calvitie est moribonde. Que mon voisin est mon frère. Que les musiciennes sont mes sœurs. Antonin mon cousin. Mathieu mon Dieu. Laura ma copine. Hé ho stop. Relax. Retour sur terre. Wah wah. Rappel. Hard blues shot. Dans ta face. C’est qui la patronne ?
Respire. Let there be light. Un p’tit tour au bar. Un passage en vidange de prostate. Une visite au merch. Une signature pour groupie. Un sourire. Je suis content.
Qu’est-ce que ça fait du bien du rock en live. L’impression de renaitre. Rock’n’roll will never die. Blues and redemption. Merci Laura Cox Band. Tu joues pas mal. Tu emballes ton monde. T’es d’la bombe bébé. Fuck le monde.