La semaine dernière, histoire de me vider la tête, je suis allé voir
Jusqu'en enfer, de Sam Raimi :

Une histoire où Mlle Tout le monde s'en prend plein la gueule suite à une malédiction gitane. Il y a des scènes un peu stressantes, mais rien de bien méchant ; rien à voir avec Saw et autres Hostel qui font dans la surenchère de glauquitude. Ici, la peur est au service du rire et vice-versa. La pauvre petiote se prend toutes sortes de fluides corporels, fait du catch avec des vieilles grabataires, avale des mouches, parle aux chèvres... Dans cette comédie satanique d'un ton proche d'El Dia de la Bestia d'Alex de la Iglesia, Sam Raimi recycle avec succès ses vieilles recettes (c'est par exemple dans le ton de la scène d'Evil Dead 2 où Ash se bat contre sa propre main).
Au final, le film ne restera certes pas dans les annales, mais remplit bien son office : c'est, comme le dit Raimi, le genre de film qu'on peut aller voir avec sa copine pour jouer à se faire peur.
Par ailleurs, je rentre juste du probable blockbuster de l'été,
Terminator Renaissance de McG:

Passons sur le titre assez mal traduit ("Salut" ou "Rédemption" comme au Québec eut été plus fidèle au titre original). L'histoire, je ne vous la refais pas : on est en 2018, la guerre entre les humains et les machines fait rage et un homme, John Connor, cristallise les derniers espoirs de la résistance.
Il y a a boire et à manger dans ce 4ème opus. J'ai tiqué quand, dans les premières images, McG conserve ses vieux reflexes de réalisateur de clips et effectue quelques uns de ces mouvements de caméras intempestifs qui ont tant contribué au désastre qu'est Charlie's Angel II. Heureusement, le montage, certes dynamique, devient rapidement plus sobre et c'est tant mieux.
Par ailleurs, les auto références sont plaisantes au début (reprise des fameux "I'll be back" et "Suis-moi si tu veux vivre", réutilisation de You could be mine des Guns), voire même utiles car donnant une cohérence au tout : une scène de poursuite nous rappelera celle du 2, ancrant le sentiment que l'histoire n'est finalement qu'un grand recommencement. Cependant, cela devient lassant à la fin, notamment le combat final qui est une resucée des scènes finales des 1 et 2.
Par ailleurs, les scènes d'actions, certes spectaculaires, ne m'ont pas transporté. Contrairement aux autres opus, j'ai assez peu tremblé pour les héros, je ne les ai que rarement senti en danger... peut-être parce qu'inconsciemment, on garde une notion de paradoxe temporel et on se doute que si Connor et Reese meurent au début du film (je ne dis rien sur la fin), les 3 premiers volets n'ont pas de raison d'être...
Quant à la musique, la prod s'est payé les services de Danny Elfmann. Homme dont j'apprécie beaucoup les parties musicales, notamment dans ses collaborations avec Tim Burton, mais qui donne là une touche gothique incongrue au film, en contradiction avec l'esthétique cyber punk qui fait l'identité de la série.
Bon, voila pour les défauts. Rien de rédhibitoire, mais assez pour se convaincre qu'on n'est pas en face d'un GRAND film de SF (comme ont pu l'être le 1 et le 2 en leur temps). Il y a quand même pas mal de points intéressants dans Terminator 4, à commencer par le personnage de Marcus Wright. Nous assistons, au fur et à mesure de l'avancement de la série, à l'évolution des machines et à leur assimilation progressive à l'être humain. Dans le 1, le mimétisme n'est qu'extérieur (Schwarzy parle peu, se déplace de manière très mécanique) et le clivage homme/machine est assez clair. Puis dans le 2 et 3, ce clivage devient plus tenu. Dans le 4, Marcus Wright, être mi-homme mi-machine, transcende la dichotomie traditionnelle pour (cela n'est pas explicite dans le film, mais c'est le sens que l'on peut y trouver) préfigurer une nouvelle espèce. Nous sommes là en présence d'un écho intéressant avec notre réalité où l'on peut voir germer, avec les nouvelles capacités
d'apprentissage que développent certaines machines, les prémisses d'une
conscience robotique.
Parallèlement, l'humanité, face à un ennemi machinal, est elle-même en passe de perdre ce qui précisément définit son humanité et se distingue par sa froideur et son absence de sentiments. Paradoxalement, c'est peut être Marcus Wright qui est en ce sens le plus humain des personnages.
Le scénario se concentre beaucoup sur cette reflexion d'un rapprochement entre une humanité "mécanique" et des machines accédant progressivement à la conscience. En cela, et c'est la réussite majeure de Terminator 4, ce volet s'intègre parfaitement dans la saga en reprenant et repoussant les reflexions posées dans les premiers épisodes. Du coup, le film délaisse d'autre pistes et ne fait par exemple que lancer l'idée d'un paradoxe temporel sans vraiment l'exploiter, laissant au spectateur un sentiment de malaise sur ce point (on sent pendant tout le film qu'il y a un problème de logique narrative, mais on n'a pas le temps de s'y arrêter car l'action nous transporte ailleurs).
Comme je l'ai dit, Terminator 4 forme un tout cohérent avec les autres épisodes de la série, bien que le schéma narratif s'en démarque (on n'est plus dans du Cameron ou du Mostow). Cette évolution dans le propos fait à mon sens la force du film, la relation que nous pouvons avoir avec la machine ayant forcément énormément changé depuis 25 ans que la série existe.
J'ajouterais qu'au niveau effets spéciaux, ceux-ci sont parfaitement réussis (merci ILM), sans qu'on ait le sentiment d'en faire trop. Et pour cause : à ce stade de l'histoire (on est en 2018), les machines n'ont qu'amorcé le développement de leur T-800 (c'est à dire le Terminator 1) et le T-1000 (le robot liquide des 2 et 3) n'existe pas. On n'a pas le sentiment que l'on pouvait avoir dans le 3 d'effets spéciaux mal exploités (la méchante en métal liquide du 3 se transforme à tire larigot sans qu'au final on y prête plus attention). De fait, la base de Skynet est un univers très industriel tel qu'on pourrait (presque!) le voir dans une de nos grandes usines contemporaines. Par conséquent, et bien que ce film soit une anticipation d'une dizaine d'années, on est paradoxelement souvent projeté dans un univers très actuel.
Au final, Terminator Renaissance, sans être exceptionnel, boucle bien la boucle (mais est-elle réellement bouclée ?) de la série créée par J. Cameron il y a un quart de siècle en approfondissant les reflexions abordées dans les premiers épisodes sur la définition même de l'humanité. Mention spéciale à Sam Worthington, alias Marcus Wright, qui, à l'instar de Schwarzy et R. Patrick auparavant, porte ici le film.
Je suis un gentleman ; c'est marqué sur la porte des chiottes.
Wallace Palès