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Alors tu dis que Fender suis le mouvement depuis un an... Fender a entamé son mouvement il y a bien longtemps, c'est ce que j'ai dit

Ha et je le répète : y'a quasiment aucun magasin Gibson en France... Fender c'est autre chose, et le business model est différent de celui de Gibson (peut être meilleur, bien qu'à mon avis malsain)
Pour la politique commerciale,
mettons nous quelques instants dans la peau non pas du commerçant de quartier (que vous reconnaissez ne pas être), mais du consommateur :
Quand je suis consommateur j'ai deux façon d'acheter :
Soit j'achète au commerçant du coin mes produits les plus habituels parce que c'est pratique.
Soit j'achète un produit bien défini à un commerçant bien défini parce que j'ai une envie bien définie.
Par exemple, quand j'ai besoin de cordes de guitares, je vais chez le commerçant du coin
Mais si j'ai besoin des cordes Paradygme en 10-52 de chez Ernie Ball, bah faut que je me lève tôt pour les trouver.
Le truc, c'est que dans mon cas, ce sont ces cordes et rien d'autre... Le petit commerçant du coin pourra penser me vendre ses Elixirs de qualité, je n'en voudrais pas... ça ne me convient pas.
C'est là qu'Internet entre en Jeu. Initialement réservé aux marchés niches, car il répondait parfaitement aux demandes de niches (extravagantes, limités, faibles, hyper-spécifiques, ...) il a sur trouver sa place au coin de la rue de tout un chacun, et devenir le petit commerçant du coin. Il est d'ailleurs aussi devenu le premier prescripteur. Du coup, n'importe qui peut acheter n'importe quoi de n'importe où, même une guitare.
Donc en tant que client : quand je vois des Gibson partout, je pense que je peux acheter de la Gibson partout (ce qui est vrai grâce à Internet)
Maintenant mettons nous dans la peau du commerçant de quartier :
Je travaille au contact du client, je lui apporte service et disponibilité immédiate et facile
Mon premier problème est que si je n'ai pas en stock, je ne réalise donc pas la vente, puisqu'elle n'est pas facile pour le client.
Mon deuxième problème, est que j'ai des frais et des contraintes très importantes, ce qui m'oblige à faire des choix. Et manifestement, vendre des cordes 50cts plus cheres que sur Internet c'est pas un soucis pour un client pressé. Ca lui va bien même (et encore ...). Et vendre des produits qui me rapportent beaucoup d'argent ça me va bien aussi. (ce qui ne veut pas dire escroquer le client

)
Arrêtons nous là deux secondes "qui me rapportent beaucoup d'argent". Donc mon soucis c'est de vendre tout de suite ce que j'ai en stock (puisque c'est ma force) un produit qui me rapporte de l'argent en masse.
Et là nous affrontons plusieurs problème :
1. Gagner de l'argent, et en avoir à la fin de l'année : c'est différent. Ce qui fait vivre c'est la marge (donc les accessoires ...) et non pas le Chiffre d'Affaire (qui est un leurre).
Pour faire de la marge on a 2 possibilités :
* Soit j'achète un produit X à 600 € HT que je revends 1020 € TTC, et j'ai fait 30% de marge sur vente soit 250 € d'argent dans ma poche... (et le calcul est compliqué !)
* Soit j'achète bcp de produits Y que j'achète 60 € et que je revends 180 €, et j'ai doublé ma marge, puisque j'ai fait 60%. Sauf qu'en vrai j'ai fait 90 € ! Eh bien je n'ai qu'à en vendre 3, c'est plus facile et moins risqué ! (Puis c'est comme ça que fonctionne le marcher... les gens achètent plus facilement des produits à bas prix un peu plus cher, et des produit à prix élevés un peu moins cher..)
2. Vous avez vu tous ces calculs ? Donc déjà faut que le mec de quartier à qui je demande de connaître les bons conseils, et les bons prix, soit en plus un gestionnaire hors pair !

Je vous rassure, 85 % des commerçants ne le sont pas. Mais ils ont un bon instinct, un con comptable, et des relations commerciales saines et aidantes avec les fournisseurs... Le principe du Win-Win
On arrive donc au 3ème cas : celui de fournisseurJe suis fournisseur, je suis donc au choix :
- Fabricant & Importateur/Distributeur : Gibson - Taylor - Roland - Yamaha - Gewa ...
- Fabricant avec un Importateur exclusif : Ernie Ball (Musicman) - Orange - Marshall - ...
- Fabricant avec des commerciaux semi-exclusifs : Alhambra
- Fabricant avec des importateurs multiples (grossistes) : Dunlop accessoires, ...
Donc déjà on repère une problématique importante, qu'est-ce que le fournisseur ? Fabricant ? Importateur ? Grossiste ? Commercial ? Ont-il tous la même volonté ? ou les mêmes besoin ?
Le fabricant voit son business à l'échelle mondiale
L'Importateur à l'échelle nationale, avec concurrence européenne (dans notre cas)
Le grossiste à l'échelle nationale avec concurrence européenne ET nationale
le Commercial à l'échelle locale
Il y a donc des intérêts contraires qui entrent en jeu. Toute la question est de savoir qu'elle est la politique commerciale de la marque, et donc du fabricant (dans 90% des cas ...)
* Si on prend Marshall : Ils inondent le marcher et n'ont pas envie de gérer sur le plan local. Ils délèguent à un importateur (Algam) qui gère au mieux leur business au plan national
* Alhambra : Marque de guitares dites classiques dont le concurrent le plus direct est presque lui même sous une autre marque, et sous une troisième. La qualité est très semblable, les modes de distribution très différents. Nous avons donc trois produits similaires, de bonne facture, distribués selon les envies de chacun, et les besoins de chacun. Pratique pour le commerçant de quartier qui peut vendre les 3 marques les yeux fermées, sans même savoir qu'il vend 3 produits quasi identiques. (et ça arrive souvent...) On pourrait se poser la question de l'éthique ? Mais honnêtement, ce n'est pas le problème : qualité, prix, marge, tout est presque identique, c'est la politique de l'importateur/commercial/magasin qui prime ...
* Dunlop : vend des médiators à tout va, à tout le monde. y'a pas de vraie concurrence, et y'a pas de véritable enjeu à faire voler en éclat le modèle de marcher... on en trouve partout, c'est ce qu'il faut...
* Roland : roland, alias les pédales BOSS est le leader incontesté sur son marcher. Cependant, son marcher est un poil technique, et novateur, dans un milieu bien rétro. Sa politique ? Rester au contact du client en permanence et lui offrir des garanties, et des aides moyennant un engagement relativement correct. Ca lui coûte de l'argent, mais il compense en étant leader sur le marcher.
Revenons à Gibson, et Fender. Ils ont une image qui va bien au delà de tout, un peu comme Marshall. Il vendraient des courgettes qu'on les achèteraient... Et leurs produits n'ont rien de particulier : ils vendent des guitares à des guitaristes... Y'a pas besoin de leur expliquer la vie ...
La question de Gibson n'est donc pas de savoir si les gens vont acheter leurs produits phares, mais de savoir s'ils vont rentabiliser avec leurs ventes.
Et là reprenons :
Gibson ==> Importateur ==> Commerçants
Ouai, en fait y'a un mec en trop au milieu, il prend de la marge pour rien. Disons que mon importateur prenne une marge de 100. si je le supprime je peux répartir sa marge entre mon commerçant, et moi même ? Disons 30% pour moi, et 60% pour lui ! En échange je lui propose ceci :
- Tu me garantis des volumes d'achats importants (ce qui réduit pour moi mes coûts ...)
- Tu t'occupes des merdes courantes sur les produits, je m'occupe des défauts majeurs
- Tu peux revendre à qui tu veux, dans les conditions que tu veux à condition que tu respecte l'image de la marque
Et ce dernier point, permet au commerçant de devenir lui même un importateur (mais pas exclusif) et de vendre en rétrocession à d'autres magasins ... Il prend alors une petite marge, laisse les merdes courantes au magasin rétrocédé, et tout va pour le mieux. Le magasin rétrocédé bénéficiant d'une marge réduite (disons normale), ne va pas casser le prix. Le magasin importateur bénéficiant d'une marge normale (celle avec les 60 en plus ...) n'a pas de raison de casser les prix sur un produit dont la demande est supérieure à la capacité de vente/production. Le marcher est donc stabilisé et fonctionnel. Au final, Gibson fonctionne avec des opérateurs de confiance, et ces opérateurs fonctionnent à leur tour avec des clients (commerces ou finaux).
Bref, non la politique commerciale de Gibson n'est pas absurde. C'est leur politique de production et leur image qui est en cause
