2016 demeure pour l’instant l’année musicale la plus extraordinaire – au sens premier du terme – que j’ai connue. Après avoir enchaîné en compagnie de la H2 Team les kilomètres et les pintes pour vivre la tournée ROCK OR BUST estampillée INTERFLORA™, me voilà en face de la trilogie française des BAD RELIGION. Une éternité que les Californiens n’ont pas aligné trois dates sur l’hexagone dont la dernière à domicile ; cela faisait une bonne quinzaine d’années que je piétais d’impatience ! Du HELLFEST à la Coopérative de Mai en passant par le Transbordeur, je fais donc le « all-in ».
Un concert des BAD, c’est comme le cadeau du KINDER SURPRISE™ , on ne sait jamais ce que l’on va avoir mais on est toujours content ; les set-lists sont variées même si certains classiques demeurent. Le tout est bien sûr saupoudré d’une énergie à réveiller une marmotte pendant le mois de février et une rage rarement égalée.
Mon seul questionnement est le nouveau batteur. J’appréciais beaucoup Brooks WACKERMAN qui s’en est allé fréquenter AVENGED SEVENFOLD juste dans l’espoir de rencontrer Madi
. Le bien nommé se nomme Jamie MILLER et m’est totalement inconnu. Mais bon, je ne soucie guère de la qualité du remplaçant faisant entièrement confiance au choix du duo Greg GRAFFIN / Mr. BRETT.
Bref, comme c’est au pied de la barrière que l’on voit le mieux la scène, nous nous postons, Tags, mon pote Thomas et moi-même au milieu de la foule pendant le concert qui précède – TOY DOLLS ; celui-ci est plein de bonne humeur et est de très belle facture. Ce dernier se termine et nous attendons tranquillement que les punks-hellfesters s’évaporent au milieu de la WARZONE. Puis Thomas nous lance : « Les gars, je crois qu’il y a une ouverture ! ». Le fait est que le devant de la fosse est devenu vide comme une barrique de vin ayant croisé fortuitement Gérard DEPARDIEU. Mais trêve de marivaudage, go ! Et nous voilà donc posés contre la barrière pile face à la scène ! Ma trilogie ne pouvait mieux commencer. Blabla nous rejoint mais étant donné qu’il a autant d’appétence pour le punk qu’un vegan pour une entrecôte, il nous quitte pour rejoindre quelques groupes au nom douteux du type « COCK AND BALLS TORTURE » sous le pavillon ALTAR.
Les roadies arrivent et le drop-back avec la croix barrée (dans le bon sens …
) commence à me faire frétiller ; j’ai tout simplement envie de gueuler. Je cherche un prétexte. Puis soudain, j’aperçois Jay BENTLEY, le bassiste qui se balade dans les coursives. Je le hèle tel le jeune coyote apercevant Bip-Bip. Il répond, toujours sympa, ce grand gaillard.
19 h 25 ; ils arrivent les empereurs du punk-rock. La fosse est bondée ; je sens que mon dos va être mis à rude épreuve. J’exulte, je gueule, l’extase, quoi … m’emmerdez pas à la fin. Un court salut et ça démarre. « Faut pas déconner non plus, on a que cinquante minutes. »
Le concert est composé d’un mélange de titres anciens et de plus récents mais un seul du dernier album « TRUE NORTH » sorti en 2014. L’ouverture est on ne peut plus originale puisque l’on attaque d’entrée de jeu avec FUCK ARMAGEDDON, THIS IS HELL qui se situe généralement en fin de concert. C’est un peu comme si les boys débutaient par TNT. Ce premier titre doit être prémonitoire car l’enfer s’abat littéralement sur nos cervicales. Les BAD enchaînent trois titres en moins de cinq minutes et environ une cinquantaine de slameurs nous sont passés dessus. Tout ça pour dire que les comptes pénibilité, les gars de la sécu pourront venir pointer. Le rythme est absolument dément et le petit nouveau derrière les fûts frappe fort et vite ; c’est justement ce qu’on lui demande. Le groupe est vraiment content d’être là et Greg GRAFFIN nous gratifie de quelques mots pendant les courtes pauses qui s’alternent avec les séries de trois ou quatre chansons. Outre, mon chouchou RECIPE FOR HATE, le point culminant du concert est sans aucun doute la substantifique moelle extraite de SUFFER : YOU ARE (THE GOVERNMENT) – SUFFER – DELIRIUM OF DISORDER – DO WHAT YOU WANT.
On ne voit pas le temps passer et je commence sérieusement à souffrir physiquement. Mon dos doit ressembler à un tapis de sol et la barrière tente de s’incruster dans mon abdomen ; mais tout ceci ne nous empêche pas de chanter à tue-tête et de profiter pleinement de l’hymne GENERATOR. Puis une pause salutaire du groupe qui finit sur le triptyque monstrueux SORROW – PUNK ROCK SONG – AMERICAN JESUS.
20 h 15 ; this is the end et je viens de finir mon passage à l’essoreuse. Je suis rincé et je n’ai envie que de deux choses ; soit les BAD reviennent, soit je vais me chercher une boisson à base de malt et de houblon. La première option s’avérant rapidement illusoire, nous décidons d’aller nous en jeter une sans avoir au préalable pu récupérer la play-list.
Mais où sont Charlie et Lulu ?
ARE YOU READY FOR AN ANOTHER ROUND ?
Nous sommes le 4 juillet, il est quinze heures. Il est grand temps de partir pour le pays des quenelles et la salle du Transbordeur que je ne connais pas. A peine 1 h 30 de route rythmé par quelques riffs aiguisés et me voici « on the place to be ». Je retrouve Tags devant la salle et Mister Godown nous rejoint. Un verre, histoire de, et nous entrons dans la salle. Cette dernière est sympa mais elle est, à mon grand étonnement, particulièrement peu garnie. Vacances, étudiants déjà partis … Bon, en tout cas, rien ne viendra me gâcher mon plaisir.
La première partie est un groupe français de punk-rock mélodique avec des légères intonations pop, NO SCIENTISTS. Ce groupe est issu des cendres du combo UNCOMMENFROMMARS qui a connu ses heures de « gloire » sur la scène française et même américaine. Le début est quelque peu lent mais la machine se met en marche au bout de trois ou quatre morceaux avant de finir sur une prestation bien plus qu’honorable. Tout ça pour dire qu’ils sont bien meilleurs que les TYLER BRANT AND I WANT TO SHIT IN YOUR POSTBOX que l’on a dû se fader en 2016.
Vingt minutes se passent ; les roadies font le job et la busted cross apparaît. La salle est désormais correctement remplie pour rester poli. Les BAD et Brian BAKER nous balance un riff que je connais mais j’ai du mal à identifier … Oups ! CRISIS TIME du dernier album. Jamais joué auparavant … La classe ! Et que dire du tee-shirt de Brian : « Experts agreed, TRUMP is a pig ! ».
Le rythme est identique à celui-du HELLFEST sauf que là, on est parti pour une heure et demie ! Nous sommes à la barrière et chose bizarre, peu de slam mais par contre on sent que ça pogote grave derrière nous, je peine à prendre une photo qui tienne la route. L’ambiance est très bon enfant malgré un individu houspillant Godown et dont la principale singularité est de n’avoir pas inventé la machine à cambrer les bananes et encore moins le bidon de deux litres. Un pogo salvateur le renvoie d’où il vient et nous en voilà débarrassé. La playlist est comme au HELLFEST, un mix avec quelques surprises dont le formidable SKYSCRAPER et le prophétique NEW AMERICA dont le clin d’œil aux élections outre-atlantique semble évident. Greg nous demande si nous sommes prêts pour un série de SUFFER. Tu m’étonnes ! autant proposer une Jupiler à un Belge … Et ce n’est pas moins de sept titres qui nous sont offerts en l’espace de dix minutes, montre en main. Et je continue de gueuler … C’est le pied, tout simplement ! Et on en remet une couche avec RECIPE FOR HATE et le savoureux LOS ANGELES IS BURNING, plus lent mais terriblement efficace en concert. Histoire de faire le tour, l’Eglise catholique en prend pour son grade en kilos d’osties avec le détonnant SINISTER ROUGE. AMERICAN JESUS vient clôturer le concert … « One nation under God ».
Tiens, une playlist ! Merci, Tags !
Les lumières se rallument, 1 h 30 de pure bombe vient de s’écouler. On boit un coup et on est content. On n’est pas bien là, à la fraîche ? Tags se rentre chez lui et Godown me propose sa spécialité de poulet coco et autres divertissements. Par respect, je jetterai donc un voile pudique sur cette fin de soirée …
ARE YOU READY FOR THE LAST ONE ?
Enfin, le 5 juillet ! Les BAD RELIGION s’affichent à la Coopérative de Mai. Celle-là, on peut dire que je l’aurai attendue … En vue de ne rien rater et surtout de tâter de la barrière, j’arrive sur place une heure avant le début du concert. Vu la facilité avec laquelle je me gare, je me dis qu’il va pas y avoir foule. Effectivement, la foule est aussi clairsemée que les poux sur la tête de Kojak. Un tour au merchandising et au bar … Un tee-shirt et un verre à la main plus tard, je me place comme d’hab’ et juste devant le marche-pied du gars de la sécu pour pouvoir mettre mon verre dans une position anti-pogo. La fosse se remplit doucement tandis que la sono nous balance du RANCID à fond les ballons (vivement le HELLFEST, hein, mon Tata ?
).
La première partie est la même que la veille. Ils ont changé quelques titres ; cela passe bien, cela passe-temps et passe-partout comme on dit à FORT BOYAUX.
Tandis que l’assaut final est en cours de montage, je discute avec mes voisins ; ils m’expliquent qu’ils sont des viticulteurs locaux et qu’ils ont appelé une de leur cuvée NO CONTROL, en hommage au troisième album du groupe paru en 1989. Ils ont alors envoyé un tweet à Greg GRAFFIN pour lui demander si le groupe serait d’accord pour visiter leur domaine durant l’après-midi précédant le concert. Et ce dernier à répondu ! La réponse fut négative mais il leur a offert un pass backstage pour venir le voir avant la prestation. Vraiment sympa, le gars ! On me fait voir les photos et tout le monde est grand sourire. Certainement un grand souvenir même si je réprime au fond de moi un cri primaire et bestial …
La salle est plongée dans le noir. Arrive de derrière les fagots Brian BAKER qui nous balance le riff de CRISIS TIME. Ce soir, le tee-shirt me fait réellement plaisir. Le guitariste, originaire de WASHINGTON DC, arbore un oripeau où figurent les lettres WA et DC séparées par un éclair et dans un style de police qui me rappelle quelque-chose. La soirée s’annonce exceptionnelle ! Greg arrive et nous annonce que maintenant, il sait d'où viennent les pneus de sa caisse !
Pour le rythme, pourquoi changer ? Ce qu’ils ont fait la veille, ils remettent ça sans se poser la moindre question la soir-même. La set-list est profondément remaniée et comme le dit Greg ; ce soir, le thème est NO CONTROL tout en dédicaçant la série à suivre à mes voisins. Le fait est que neuf titres, dont le fabuleux BILLY, sont balancées comme neuf balles de MAGNUM 357 à travers la fosse bouillante. Et je gueule toujours … Je crois qu’il n’y a vraiment que les Boys et ce combo venu d’outre-Atlantique pour me faire tourner la tête comme ça. Et ce soir, pour me faire tourner en bourrique, ils jouent quelques perles savamment disséminées tout au long du show ; COME JOIN US – pamphlet antisectes, WE’RE ONLY GONNA DIE, BIG BANG, HENCHMAN et NEW DARK AGES. Quelle émotion quand sur ce dernier titre, Greg m’a montré du doigt et m’a demandé « So, how do you sleep ? » ! Et on rajoute par là-dessus RECIPE FOR HATE, PUNK ROCK SONG et AMERICAN JESUS pour finir la trilogie …
Comme j’avais déjà récupéré la playlist la veille, je ne me suis pas manifesté pour avoir celle de ce soir. Mais, comme au bout d’un moment, personne ne la réclamait … Alors j’ai gueulé – j’étais bien échauffé – « BRIAN, the playlist, please ! ». Et ce dernier, fan d’AC/DC me l’a gentiment donnéE après avoir bien fait attention de ne pas la déchirer.
Je suis allé ensuite attendre près du bus presque une heure, le vinyl SUFFER dans une main et une bouteille de CROZE-HERMITAGE 2011 dans l’autre. Je n’ai vu personne, le groupe étant a priori retenu par des agapes dans les coursives. Pas bien grave, je pars en laissant la boutanche signée « Thanks for the gig ! » aux roadies.
Monsieur, vous en reprendrez bien une tranche ? See you next time ? Of course !
Cette review est dédicacée à tous les « NO BAD RELIGION SONG CAN MAKE YOUR LIFE COMPLETE » avec qui mes rapports furent aussi divers qu’enrichissants.
Dernière édition par
BOLTONSKIN le 16 Jan 2017, 14:35, édité 1 fois au total.