Iron Maiden à la Défense Arena (Nanterre), le 20/7/2025
J’ai longuement hésité avant de me décider à assister à ma 11ème représentation d’Iron Maiden, refroidi par la prestation toute en mollesse du groupe au Graspop 2022, et par le départ récent de Nicko McBrain (batterie) pour raisons de santé (ceci expliquant peut-être cela). Mais après réflexion, peut-être qu’un nouveau membre rythmique en bonne forme peut redonner un coup de boost aux morceaux ; et surtout, l’annonce de cette tournée basée sur les 9 premiers albums a fini de me convaincre de me faire offrir la place par Papa Noël. La première date ayant été complète en quelques heures, c’est à la deuxième (qui a fini sold out également) que j’assisterai.
Me voici donc aux abords de la Défense Arena, qui prend des airs de pèlerinage Metal avec cette file interminable que je rejoins dès la Grande Arche, mais qui avance néanmoins assez vite. Passage éclair à la sécurité qui laisse entrer sans problème bouchons de bouteilles, sandwiches et Pom’potes, et à 18h30 je suis dans la salle, seul aujourd'hui, dans le premier quart de la fosse, quasiment pile au milieu par rapport à la scène. Pas mal.
Avatar (19h25 – 20h15)
C’est un groupe d’ouverture de luxe que s’offre Iron Maiden sur cette tournée, Avatar se produisant d’habitude en tête d’affiche. Ayant pratiqué les suédois avec plaisir sur quelques festivals, je dois dire que leur style indéfinissable et en apparence (ou pas) bordélique ne prend sens pour moi qu’en live, notamment grâce à la folie et le talent de son chanteur Johannes Michael Gustaf Eckerström (chant grave, chant aigu, growl, il peut tout faire !). Impossible de ranger leur musique dans une case, ça part dans tous les sens, mais avec toujours une place pour le headbanging.
D’entrée de jeu l’accueil est très généreux, la présence scénique et le charisme étant indéniable. Cette première partie me rappelle au lointain souvenir d’un groupe au style plus ou moins similaire, Murderdolls, qui avait reçu un accueil bien moins chaleureux à Bercy en 2003 ; les temps changent.
Notons le contraste entre le maquillage de clown inquiétant de Johannes et ses remerciements sincères, presque émus. Ils sont gentils, ces suédois !
Setlist d’Avatar
Iron Maiden (20h53 – 23h02)
Sur un ballet aérien de capotes volantes, les lumières s’éteignent après le traditionnel "Doctor, Doctor" d’U.F.O., pour laisser l’écran géant afficher une animation nous faisant traverser des rues inquiétantes au rythme de "The Ides Of March", présageant de la setlist vintage promise. M'attendant à "Aces High" en ouverture, je suis surpris (je ne m'étais pas spoilé) par l'enchainement avec l'intro de "Murders In The Rue Morgue" sur fond d'une magnifique image de la Tour Eiffel dans un Paris sombre et apocalyptique.
Premier constat : le batteur, ça ne le fait pas. Avis perso hein, mais Simon Dawson n'a ni la technique, ni le feeling, ni le charisme de Nicko. Je suis bien conscient qu'il est impossible de passer derrière la Légende, et que n'importe qui d'autre aurait également été décevant, mais peut-être qu'un batteur plus jeune et fougueux, ou plus technique, aurait mieux convenu. Pendant tout le concert, j'aurai l'impression d'écouter et voir un batteur de tribute band se contentant de marquer le rythme sans savoir comment placer les fills et sans la technique nécessaire à la cadence parfois compliquée d'Iron Maiden. Cela dit, hormis sur le tout dernier morceau du concert (pas de spoil !), le tempo respectera les versions studios, contrairement au Graspop 2022, et ça, ça fait plaisir.
Respectueux des premières années du groupe, il faudra attendre le 5ème titre, soit "The Number Of The Beast", pour que Bruce Dickinson interprète enfin un titre sur lequel il était le chanteur à l'origine : en effet, jusqu'à maintenant le show était consacré aux 2 premiers albums avec "Wrathchild", "Killers" (agrémenté de la présence sur scène d'Eddie The Head, en latex et en os) et le très attendu et apprécié "Phantom Of The Opera". Malgré leur âge avancé, le groupe est vraiment en forme, Bruce est toujours la même pile électrique courant partout et semble très en voix malgré le son… approximatif dirons-nous, Janick Gers (guitare) faisant toujours le pitre, fidèle à lui-même ; tout juste pourra-t-on noter quelques solos simplifiés, notamment de la part de Dave Murray, mais ne chipotons pas (et sur "Killers" il a été parfait, c'est tout ce que je demandais).
Petit saut dans le temps pour "The Clairvoyant", autre très bonne surprise pour moi, malgré la mollesse du public dans la zone où je suis. Hormis 4-5 personnes motivée mais peu désireuses de gêner leurs voisins (ce qui est tout à leur honneur), les gens autour de moi sont très (trop) statiques, et ça durera jusqu'à la fin. Je pensais pourtant que le refrain de ce morceau allait enfin lancer quelques mouvements de foule, mais non.
Place maintenant à l'album Powerslave avec le titre éponyme, Bruce arborant son traditionnel masque, et le morceau étant habillé par la pochette animée de l'album sur l'écran, nous laissant entrevoir le désastre qu'elle aurait été si la 3D avait existé à l'époque, suivi d'un enchainement imparable : "2 Minutes to Midnight" puis le moment que j'attendais le plus : "Rime Of The Ancient Mariner". A noter les fantastiques images habillant ce dernier sur l'écran géant, illustrant l'histoire au fur et à mesure que Bruce nous la raconte. Sensationnel !
L'ambiance semble quelque peu décoller sur "Run To The Hills", avant de salement retomber pendant "Seventh Son Of A Seventh Son" ; je n'ai jamais vraiment apprécié ce titre sur album et l'ai toujours trouvé inapproprié en live, à l'instar de "The Eagle Has Landed" que Saxon s'évertue à jouer en concerts.
Enfin le public se décide à scander des "woh ho ho" sur "The Trooper" (marquant le retour d'Eddie au milieu des musiciens) et "Hallowed Be Thy Name", cette dernière étant illustrée par l'animation de Bruce essayant d'échapper en vain au fantôme d'Eddie voulant le conduire à l'échafaud, pendant les parties instrumentales. La fin de soirée approche avec "Iron Maiden", qui ne verra décidément aucun pogo ni animation dans la zone ou je me trouve malgré la présence d'un Eddie géant qui vient nous faire coucou sur l'écran, avec un effet "3D" assez convaincant par rapport aux marionnettes réelles d'antan.
Pour le rappel, après des images d'avion de guerre et le "Churchill's Speech", c'est "Aces High", que j'attendais en ouverture, qui fait finalement office de relance du spectacle. Le public donne une nouvelle fois de la voix, toujours à l'exception de mes voisins de fosse. L'animation est géniale, Eddie se livrant à un dogfight contre ses ennemis à bord de son Spitfire.
Autre moment très attendu, l'ombre de Bruce se découpant sur la pleine lune nous narre le début de "Fear Of The Dark". Les "woh ho ho" se font entendre de nouveau (encore heureux, le morceau a sa réputation à tenir !).
Vient maintenant l'heure du tout dernier morceau, le seul qui verra son tempo ralenti (la faute à Simon ai-je l'impression, Adrian Smith (guitare) ayant du mal à se caler sur lui), mais au refrain néanmoins imparable : "Wasted Years" réveille une dernière fois le public sur fond de pochette de Somewhere In Time.
Après un au revoir (car Iron Maiden reviendra, promis par Bruce), le groupe quitte la scène, Simon s'attardant tout comme le faisait son prédécesseur, sur le traditionnel "Always Look On The Bright Side Of Life" des Monty Python.
Conclusion : pas sûr que j'y retournerai une 12ème fois. Le show était vraiment bien, la setlist évidemment imparable (l'on aurait tout de même aimé plus de raretés comme promis par Bruce à l'annonce de la tournée, comme "Where Eagles Dare", "Die With Your Boots On", "Heaven Can Wait"… d'ailleurs No Prayer For The Dying est passé à la trappe et je n'aurais pas craché sur un petit "Bring Your Daughter… To The Slaughter"), mais j'ai trouvé le batteur remplaçant décevant. Je ne peux pas lui jeter la pierre, le défi était impossible à relever et il a néanmoins fait le job ; mais Nicko faisant partie de mes idoles derrière les fûts, son absence m'est quasi-insupportable, tout comme Jukka Nevalainen chez Nightwish.
Un immense merci tout de même au groupe et ses 50 ans de carrière, pour tout ce qu'ils ont apporté au Metal et à la Musique de manière générale. Iron Maiden a influencé une grande partie de ma vie, et si je devais les avoir vus ce soir pour la dernière fois, alors je serais totalement comblé.
Setlist d'Iron Maiden