Il y a parfois des choses qui trottent dans la tête. Cela revient nous hanter sans que l’on s’y attende … Un son, une image, un odeur font que la marotte revienne avant de repartir pour mieux se cacher et ressortir au détour d’on ne sait plus vraiment quoi …
Le WALDBUHNE de Berlin faisait ainsi partie de mes vœux les plus chers. Aller y voir et applaudir un de mes groupes fétiches relevait tant à la fois du fantasme que du rêve dont l’accessibilité semblait parfois réduite. Depuis quand ? me demanderez-vous. La réponse est simple ; depuis avoir visionné au début des années 2000 le live de RAMMSTEIN intitulé sobrement « LIVE AUS BERLIN ». Les images m’avaient alors scotché et l’ambiance indescriptible m’avait alors laissé entrevoir un lieu magique qui depuis n’a cessé de me tendre la main.
Cela faisait donc vingt ans que j’attendais le moment propice … Et il est apparu en septembre dernier quand le nom d’IRON MAIDEN s’est aligné en face du WALDBUHNE. It was time to go ! Tel le pêcheur d’eau douce, je lance mon appât dans la rivière H2Team. Au bout de quelques secondes, je vois deux beaux poissons dénommés Blackice et Jul’ s’approcher de l’appât. Je les taquine encore un peu avec un lieu extraordinaire et ils gobent ce qui leur est présenté. Les voilà ferrés et dans l’épuisette !
Encore faut-il avoir les bolets providentiels ! La veille de la mise en vente, je m’inscris au fan-club sans grand espoir d’avoir le privilège d’acheter instantanément les trésors ! Que nenni, mon panier est garni des trois places en fosse et livrées dans les trois jours qui suivent sous forme de beaux billets cartonnés.
Et voilà donc les Castors Juniors embarqués dans l’aventure berlinoise. Blackice choisit une formule long séjour … Jul’ et moi l’option – sans le savoir au préalable – long trajet. Si la SNCF a ses détracteurs, quelquefois à raison, la DEUTSCH BAHN peut également se caractériser par le non-respect des horaires, l’incompétence de certains de leurs salariés ou la difficulté de compréhension de leurs conseils qui sont parfois aussi hasardeux que la voix du chanteur d’AVATAR … Nous y reviendrons …
Bref, installé confortablement à l’hôtel, nous rejoignons, Jul’ et moi, Blackice dans un biergarten situé à côté – notion toute relative – à côté du DIVE BAR. Pour info, celui-ci était plutôt décevant avec seulement un stand de merch et, surtout, de la fausse TROOPER à la sauce germanique ! Cela a été vite vu pour nous. Soirée tranquille avec wurst, bier, kartoffeln, le tout, bien entendu, savamment arrosé d’éclairs australiens.
Le Jour J, celui que j’attendais depuis longtemps, est enfin arrivé. Avant de s’y rendre, nous chaussons, Jul’ et moi, nos bottes de sept lieues pour parcourir de manière expresse la ville que nous connaissons déjà mais nous éprouvons pour cet endroit une affection particulière constituée de mémoire mais peut-être aussi de nostalgie nous renvoyant à l’époque où Berlin était scindé en deux et nous, tout entier mais repli d’acné.
Il est déjà quinze heures et nous rejoignons Blackice au pied de l’hôtel et filons droit au métro, histoire d’éviter une redoutable averse et d’en sortir sous un agréable soleil.
Une grosse demi-heure plus tard et une marche forestière, nous arrivons sur site mais je ne LE vois pas. Je trépigne … En attendant, nous allons au merch et en bons Français, nous grillons sans vraiment le vouloir la file d’attente. En même temps, je ne comprends pas le système où les vendeurs attendent sans potentiel acheteur alors que leurs voisins ne saventt plus où donner de la tête !
Nous nous mettons ensuite dans la file après avoir essayé en vain de rentrer V.I.P (Véritables Intelligences Prussiennes) et avoir déplié la photocopie de ma carte d’identité format A4 sous l’œil goguenard de l’attaché de fonction.
Tout cela n’a finalement que peu d’importance puisque l’accès nous est donné quelques minutes plus tard. Quelques pas … Nous y sommes ! Enfin … Cela est encore plus impressionnant que ce que j’avais vu. Nous sommes en haut des tribunes en pierres qui dominent nettement la scène ; la pente est raide ! La fosse est minuscule et doit pouvoir accueillir, à mon avis, environ 1 000 personnes pour une capacité totale de 22 000. L’effet « vide » de l’endroit quand nous arrivons ne fait qu’accentuer ce sentiment de beauté et pour moi, je dois bien l’avouer, le sentiment de vertige émotionnel. J’ai vraiment du mal à m’en remettre. Nous profitons de ces quelques minutes pour rester en haut pour profiter de la vue qui nous est offerte et espérer un concert à la hauteur de l’endroit construit au milieu des bois pour les Jeux Olympiques de 1936 et dédié à la gymnastique.
Bières en main, nous descendons les escaliers et nous rendons dans la fosse qui est bordée par un muret de pierres. Nous nous asseyons tranquillement en attendant les hostilités. La PILS est bonne … Félicité, vous avez dit félicité ?
18h15. AVATAR déboule et prenons place tranquillement environ au dixième rang. J’avoue que je ne sais pas trop quoi penser de ce qui nous est proposé. Parfois, ça braille, parfois ça chante … Et par contre, toujours ça tourne la tête pour faire hélico-cheveux. Cela m’insupporte un peu et cela ne fait qu’accentuer mon impatience de voir débarquer nos British.
19h30. Nous voyons arriver derrière la scène Steve et Simon soulevant une vague de hourras dans l’assistance.
19h45. Les rues du quartier de WEST HAM défilent alors que IDES OF MARCH et l’intro de MURDERS IN THE RUE MORGUE commencent à résonner dans l’enceinte. Les six arrivent pour en découdre ; la foule est aux anges. La setlist est la même que celle de Paris ; cela ne m’empêche aucunement de prendre chaque seconde, chaque note, comme un cadeau et d’en profiter. Cela est bigrement bon et le son est excellent. Je profite de l’hymne THE RIME OF THE ANCIENT MARINER pour me rapprocher de la barrière et ainsi de pouvoir profiter de la machine à essorer germanique. Pour parachever le tout, le son est excellent dans cette enceinte digne des plus belles arènes ; cela sera d’ailleurs mentionné par Bruce.
Je trouve le groupe particulièrement en forme. Tout le monde sourit hormis Steve HARRIS qui donne toujours l’impression de jouer au Père Fouettard. Janick GERS multiplie les facéties, je me demande parfois s’il est Bouffon du groupe en live ou réel musicien ! Bruce rend hommage à Simon et souligne à quel point lui est visible derrière sa batterie !
21h45. Les lumières se rallument sur le WALDBUHNE. On en profite encore quelques minutes dans cette fosse, nous contemplons les gradins qui se vident. C’est beau … J’ai enfin pu vivre ce moment auquel j’aspirais depuis longtemps. Mes copains ont le sourire également. Ils n’ont pas l’air de regretter de s’être jeté sur l’hameçon. Une dernière Blonde allemande, un drapeau, un sosie de Bruce, des gobelets, une die-hard allemande qui dit que c’était son 167ème concert … Il est désormais temps de rentrer. Les sourires sont là et les souvenirs impérissables.
C’est déjà pas si mal, non ?
Cette review est dédicacée à tous les docteurs à qui j’ai dit que j’allais trop vite et avec qui mes rapports furent aussi divers qu'enrichissants.
