Dirkschneider au Trabendo (Paris), le 19 mars 2025Que faire pour rallumer la flamme Accept, lorsqu'on a vu le groupe déjà 7 fois et que l'on s'en est lassé ? Eh bien on va voir Dirkshneider, qui n'est rien d'autre que le groupe U.D.O. tournant sous un nom différent, jouant les chansons d'Accept du temps où Udo Dirkschneider, donc, en était le chanteur. Expérience déjà tentée
en 2017 à la Machine du Moulin Rouge, avec un souvenir de très grande déception et frustration.
Comme
Avantasia 3 jours avant (Dirkschneider étant l'ultime étape de 4 concerts germaniques entamée l'année dernière), assez peu de communication sur la soirée, aucune première partie annoncée… bref j'arrive à 18h40 et j'attends 10 minutes que Nico arrive ; ou, je n'ai fait qu'un seul concert avec lui, et c'était le même ! Nous constatons qu'il y aura bien 2 groupes de première partie, ce qui nous parait juste pour une ouverture des portes prévue à 19h. C'était sans compter l'arrivée du premier à…
All For Metal (19h10 – 19h45)
…19h10, alors que la salle est quasiment vide. Bravo l'orga.
Alors, All For Metal (annoncé à l'entrée du Trabendo comme "AFM", je n'avais pas fait le rapprochement), c'est un nom que j'ai souvent vu passer dans mes suggestions YouTube, et que je n'ai jamais écouté ; eh bien, j'aurais dû. Rien d'original là-dedans, il s'agit d'un clone de Manowar teinté d'un peu de HammerFall, bref du Trve Power Metal avec tout ce qui va avec, c'est-à-dire armures à la Musclor (et le corps bodybuildé qui va avec), maquillage, masques, et hymnes guerriers à reprendre en chœur armé d'une hache ou d'une épée à 2 mains. À l'instar de Wind Rose récemment, ça ne révolutionne en rien le genre, mais c'est une expérience qui marque.
On notera que les 2 guitaristes sont de gentes demoiselles ; enfin, probablement gentes en civil, mais diablement charismatiques sur scènes, notamment la soliste qui déroule 150 notes à la seconde avec une dextérité à faire pâlir Christophe Maé (quoique lui, il pâlirait même devant Kirk Hammett dans ses mauvais jours et privé de wah-wah - désolé pour la double balle perdue).
Il y a également 2 chanteurs, un à la voix grave (et parfois grunt), l'autre très haut perchée, qui se complètent assez bien et qui possèdent un humour et un second degré très approprié à leur genre musical, nous incitant fortement à acheter leurs t-shirts, même s'ils en offrent tout de même un en le jetant dans le public.
L'accueil est excellent, le son très clair bien que trop fort (eh oui, si c'est trop fort, c'est que je suis trop vieux), et les 35 minutes passent à la vitesse de l'éclair. Un groupe à suivre !
Setlist de All For MetalUn peu de Helloween ("A Handful Of Pain", bien trop rare et méconnue), de Scorpions et MSG avant la suite.
Crownshift (19h57 – 20h33)
Dès le début du concert, on comprend que le second degré vient de mourir. Attention, loin de moi l'idée de critiquer ce groupe, surtout que ça joue vraiment très, très bien. Mais du Metalcore en ouverture d'Accept/Dirkschneider, avec tout ce que ça implique de sérieux et de violence, et surtout après la prestation teintée d'humour d'AFM, ça n'est pas très approprié.
L'accueil est poli, mais on sent que les musiciens comprennent que leur présence ici est quelque peu incongrue ; les interactions sont donc limitées, probablement pour éviter un bide. Fun fact, je viens de découvrir que le bassiste est Jukka Koskinen, membre actuel de Nightwish (ne suivant plus le groupe que de loin, je ne l'avais point reconnu).
Malgré tout, la fin du concert (je ne saurais dire combien de morceaux, 2 ou 3 sans interruption, ou peut-être un seul très long ?) fut plus agréable que le début, avec notamment un long passage instrumental très intéressant.
Setlist de CrownshiftLe Trabendo sort les classiques pour nous faire patienter : "Ace Of Spades", "Paranoid", "Enter Sandman", "Paradise City", "Breaking The Law", et pour finir "The Number Of The Beast" pendant que les lumières s'éteignent progressivement.
Dirkschneider (20h58 – 22h50)
À peine la salle est-elle plongée dans la pénombre que "Ein Heller und ein Batzen" se fait entendre, immédiatement reprise en chœur par l'ensemble de la foule, et qui annonce bien évidemment l'ultra-speed "Fast As A Shark". Quel démarrage ! Je ne crois pas avoir entendu le hurlement caractéristique d'Udo, peut-être me trompé-je, ou alors il n'a pas voulu se briser les cordes vocales dès la première seconde du concert. Sa voix me semble d'ailleurs un peu en retrait, impression qui durera toute la soirée, peut-être pour masquer les "pains" ; au moins lui ne se fait pas aider en backing vocals, n'est-ce pas David Coverdale (attention, les balles perdues volent bas aujourd'hui) ?
Sans aucune pause, on enchaine "Living For Tonight" ; la communication entre les morceaux sera réduite, mais la communion avec le public, qui scande chaque refrain à pleins poumons, est bien là, elle ! Tous les classiques y passent, "Midnight Mover", "Breaker", "Flash Rockin' Man", et avant l'évènement de la soirée nous avons même droit à "Metal Heart", placé étonnamment tôt dans la setlist. La fosse est en feu avec un pogo juste devant Nico et moi qui ne s'arrêtera quasiment pas pendant 2 heures. C'est un grand soulagement après le désastre de 2017, rien que ce début de show enterre toute la catastrophe précédente !
Bien qu'Udo soit la star de la soirée, la 2nde place est occupée par un ancien d'Accept également en la personne de Peter Baltes, qui nous interprète "Breaking Up Again" avant que l'évènement commence.
Mais quel est cet évènement dont je vous parle depuis déjà 5 longues lignes ? Eh bien comme promis et annoncé par une voix off, Dirkschneider va, pour fêter les 40 ans de cet album culte, interpréter en entier
Balls To The Wall ! Le groupe a choisi de le jouer dans l'ordre, à l'inverse de
Metallica et son Black Album au Stade de France (p*tain, 13 ans !), ce qui aurait eu du sens pour garder la chanson éponyme pour la fin. Du coup c'est bien "Balls To The Wall" qui démarre ce set de 45 minutes incroyables, agrémentés des nombreux "oh oh oh" présents sur l'album, d'un regard de Peter capté sur "Losing More Than You've Ever Had" (une de mes préférées en plus), et de deux voisins ayant failli se mettre sur laggle pendant "Losers And Winners" (coïncidence ?).
Je ne vous ferai pas l'affront de lister les morceaux, on va plutôt parler des guitaristes, au son bien plus incisifs que la dernière fois (quand je vous dis que tout est 100 fois mieux) ; Andrey Smirnov semble très à l'aise, et bien qu'il n'y ait aucune ressemblance de près ou de loin avec Wolf Hoffman, je me surprends à lui déceler certaines de ses mimiques, un sourire en coin, un haussement de sourcil… serait-ce l'esprit Accept ? Dee Dammers, beaucoup plus discret, fait très bien le job malgré un son global assez brouillon, contrairement aux premières parties. Cela dit, les morceaux et solos sont joués à la note près, ce qui pourrait être vu comme un manque de spontanéité, mais que je vois ici comme un hommage fidèle, notamment pour la batterie, loin des errements de Christopher Williams. L'homme de la soirée, Udo, est lui relativement statique et concentré, la force tranquille, mais toujours autant de puissance dans la voix ; incroyable, à bientôt 73 ans !
Sans surprise, le rappel intervient après "Winterdreams". Mais quand on a déjà balancé "Metal Heart", "Fast As A Shark" et "Balls To The Wall", que reste-t-il comme classiques ? Nous n'allons pas tarder à le savoir : à la batterie, Sven Dirkschneider (oui, le "fils de") nous remercie chaleureusement pour l'accueil, ainsi que d'avoir rempli au complet la salle, avant de battre la mesure à la grosse caisse pour lancer "Princess Of The Dawn" qui s'étirera en longueur sur la fin. Udo nous demande si on en veut plus, ou si nous avons atteint notre limite ? Non ? Alors va pour "Up To The Limit", avant un dernier tour de piste sur "Burning".
Vraiment, bien qu'il manquât (encore) "Restless And Wild", ce show n'avait absolument rien à voir avec 2017. Que des classiques, une ambiance dingue, un groupe en forme…
Après ces presque 2 heures de concert fantastique, le groupe nous salue sur la bande de "Bound To Fail", comme les vrais. Mais avec 2 membres d'origine, contre un seul chez le Accept "officiel", qui sont les vrais et qui sont les autres, finalement ? Le débat est ouvert (ou pas), pour ma part j'ai vraiment eu l'impression de voir Accept. Merci Udo, merci Peter !
Setlist de Dirkschneider