Que puis-je dire qui n'a pas déjà été dit (et fort bien dit !) par les autres, et notamment King5934 et tags07 ? Peu de choses, je ferai donc court
Pour moi, ce concert à Hockenheim avait une saveur particulière. Tout d'abord, il s'agissait pour moi du premier concert de la tournée, ce qui est toujours un évènement en soit. Mais surtout, et j'ai eu l'occasion d'en parler en ces lieux, le AC/DC nouvelle mouture me déstabilise. Volontairement, j'ai évité au maximum les fuites sur le contenu du spectacle et les impressions des uns et des autres, afin de me faire ma propre idée sur ce groupe qui, pour moi, se définit avant tout par sa section rythmique sans faille, et qui brusquement se retrouvait amputée de 2 de ses piliers.
J'étais bien sûr remonté comme un coucou suisse à l'idée de les voir pour la première fois en 5 ans, mais il faut l'avouer, cette joie était mêlée d'une certaine circonspection.
Par ailleurs, ce concert était pour moi l'occasion, après un certains nombre d'échanges virtuels, de découvrir "en vrai" certains habitués du forum. Avec cette question qui me taraudait depuis quelques semaines : est-ce qu'ils racontent autant de conneries que sur le forum ? Réponse : en vrai, c'est pire.
Bref, après quelques mails et coups de fil, je conviens de retrouver Jul' et ses invités du week-end sur une aire d'autoroute vers 9h30 près de Baden-Baden. La coordination est quasi-parfaite, puisque que quelques minutes à peine après mon arrivée sur place, l'Agence Tous Risques débarque dans son monospace. Il faut bien cela pour contenir, en plus du pilote, tataginette, wallace63, tags07 et blackice. Je remarque que les intéressés ne sont pas venus pour bricoler : une petite poignée de mains rapide, et hop tout le monde remonte pour filer vers le nord. Même pas le temps de s'en griller une petite sur le parking, AC/DC c'est du sérieux mon bon Monsieur !
Bref, le convoi s'ébranle et nous arrivons ensemble sur le champ faisant office de parking du Hockenheimring. Contents d'être arrivés sans encombres et de bonne heure, les langues commencent à se délier. Il faut dire qu'on a déjà commencé à sortir les bières et la surprise du patron : un schnaps au cumin qui, dixit tataginette, "se boit comme du petit lait". A 45° le petit lait, pas besoin de pasteurisation...
On marche tranquillement à travers bois pour se rendre à l'entrée du circuit. Il est presque 11 heures, et s'il y a certes quelques centaines de personnes déjà sur place, on est quand même bien lotis : on est tout près du portique. On va l'avoir ce carré or, on va l'avoir !
A ce moment, débarque king5934 et sa moitié, attirés par la chatoyante veste à patches de Jul'. On a à peine le temps de faire connaissance qu'on est pris de court : les grilles vont s'ouvrir, avec plus de 3 heures d'avance sur le planning !! J'ai à peine le temps de remettre mes victuailles dans mon sac à malice (Wallace, dans un élan de générosité désintéressée, m'aidera à porter mon pack de bières), je tends mon billet (en vérifiant pour la 100ème fois que j'ai pris le bon et pas celui du stade de france), et comme tout le monde je pique un sprint. Las, on espérait se retrouver sur la pelouse, et voila que quelques centaines de mètres plus loin, on s'empale sur un second portique. On est bon pour poiroter encore un moment, mais la bonne nouvelle, c'est qu'on a réussi à gratter quelques Allemands en surpoids. On est quasiment les premiers contre le portique, autant dire que quand il faudra faire les 100 derniers mètres, ça sera un jeu d'enfant. Naïfs que nous sommes...
Commence une seconde attente, heureusement sous le signe de la bonne humeur. On épuise rapidement les spécialité locales, on tape dans le sac de Sport Billy dès qu'on a une petite faim... Tu veux des amandes ? Des Mikado ? Des Knacks ? des gendarmes ? Demande à Godown ! En même temps, on admire l'efficacité allemande : tout le monde a son petit plaid, son tapis de sol, son camel back... Et puis on raconte des tas de conneries. Tags et moi, qui ne savons rien ou presque du déroulement du show, sommes mis au supplice : on nous promet du love song, une piscine ou Brian s'ébattra avec des canards, peut-être même que Phil viendra faire un petit coucou...
On est rejoint par Acdc95 puis par le plus malin, Bon&Brian, qui arrive juste avant l'ouverture et qui aura sa barrière. Et à 14h30, arrive le (premier) moment tant attendu : l'ouverture, la vraie cette fois-ci. La fouille est plus que sommaire, si on avait su, on aurait fait le plein de bières chez la belle Rosie croisée dans la forêt. Bref, on court comme des dératés jusqu'au virage... et là, l'horreur, il y a encore une énorme ligne droite à parcourir. Bon Dieu, qu'elle est longue ! On fait des efforts surhumains pour atteindre un nouveau virage... et une nouvelle ligne droite. Et encore un virage ! Bordel, mais elle est où cette scène ??? Enfin, on la voit, de loin. Mais ça n'est pas encore fini, car on arrive à gauche de la pelouse, et qu'il n'y a qu'une entrée... à droite ! Tout en courant, je vois des Allemands s'évanouir et tomber comme des mouches, foudroyés par l'effort, piétinés par des meutes de vestàpatchs qui leur font les poches, les salauds. Bon, ce n'est peut-être que mon imagination qui travaille pour me faire oublier la douleur... Enfin, on arrive au bout du périple. J'arrive dans les premiers avec Bon&Brian (les deux seuls fumeurs du groupe, prenez-en de la graine les sportifs), qui me demande dans un souffle "Stevie ou Cliff ?". "On s'en fout, la barrière, la barrière !!"
Cette fois ci, c'est bon, on la tient cette barrière ! On est en latéral, un peu en retrait, ce qui nous permet d'avoir une excellente vue sur Angus et Brian, pas mal sur Cliff, moins sur Stevie et Chris. Jul' et ses patches nous rejoint, bientôt suivi par le reste du groupe. A l'exception de tataginette qui n'arrivera que 3 heures plus tard environ et priant pour qu'on l'achève.
Il reste encore 6 heures à attendre, mais maintenant que l'essentiel est fait, on en a cure. La bonne humeur est de mise, on rigole avec la sécurité (quand on la comprend), on commande des spécialités locales (en demandant à Wallace de garder son verre à soi), blackice partage les ultimes morceaux de saucisson à l'ail et ses anecdotes sur la tournée 1978 quand il était un fringant jeune homme de 53 ans, Jul' essaye d'avoir sa photo de Gérard Young, alias le roadie le plus improbable du monde, pendant que tags07 se bouche les oreilles dès qu'il entend un semblant d'information sur le show qui s'annonce. Arrive la première première partie, la fameuse DJette sponsorisée par Metal Hammer. Probablement bien déchirée à voir ses danses de zoulous, mais au moins elle n'aura pas fait de fautes de goût au niveau de la sélection musicale. Elle aura l'absolution de king5934 qui aura eu sa dose de Judas Priest.
Première grosse claque avec la deuxième première partie, Vintage Trouble. Je n'ai absolument pas écouté avant ce jour et on m'a prévenu que je serai surpris. Et effectivement, je ne m'attendais pas vraiment à cette soul musclée qui tranche pas mal avec ce qui nous attends après. Mais franchement, ils ont de l'énergie, de l'envie, un sens du show certain (surtout le chanteur et ses poses à la James Brown) ; test réussi haut la main, et c'est avec plaisir que je les reverrai samedi.
Et enfin arrive la délivrance. Je prends plaisir avec l'intro, pas aussi grandiloquente que sur la précédente tournée (ce qui n'est pas un mal), mais franchement réussie à mon goût. Et là, mes 5 champions déboulent et tous mes doutes, toutes mes craintes s'envolent. Ah, si seulement il était possible de vivre chaque jour autant d'émotions que lorsqu'on voit AC/DC entrer en scène !
D'entrée, le son de la guitare d'Angus, incroyablement tranchant, me scotche par terre. Une sorte de sursaturation cristalline, si vous me permettez cet oxymore. Ne cherche plus, Angus, tu l'as Le Son Parfait. Je n'en dirais pas tant de Stevie et Cliff, dont le mixage les mettait un peu trop en retrait à mon goût. Chris, sans surprise, ajoute un côté heavy qui au pire ne dénature pas les titres, mais plus souvent les magnifie. Je pense par exemple à son intro surpuissante sur TNT. Brian, quant à lui, et très en voix, même si, au vu de sa gestuelle par moments, je ne peux m'empêcher de penser qu'il a bu dans le même verre que la DJette de tout à l'heure.
Les portables sont certes de sortie, mais pas autant que je le craignais. Il est juste dommage que tags et moi nous soyons pris sur la tronche celui de Bon&Brian, qui visiblement aurait bien voulu balancer son soutif sur scène mais n'avait que ça sous la main.
S'agissant du show, il y a certes quelques temps morts entre les morceaux, mais franchement, je m'en fiche. J'ai plus été surpris par des "loupés" ponctuels et très relatifs (du genre Brian qui ne part pas au bon moment à l'entame de certains morceaux, ou un faux départ d'Angus sur Thunderstruck), par un Angus qui se lâche en prolongeant à plusieurs reprises les soli finaux (cf.Dirty Deeds), quelques manques de coordination spatiale (mais nullement musicale) entre Cliff et Stevie qui ne sont pas toujours synchros dans leurs allers et retours vers le micro, etc... Absolument rien de gênant, ça donne même souvent plus de spontanéité au show, mais je ne peux pas m'empêcher de penser (même si je sais bien qu'avec des "si", on met Paris en bouteille) que ce sont des choses qu'on ne voyait pas, ou en tout cas moins, avec Malcolm.
Alors oui, ce AC/DC version 2015 m'a surpris. Je ne cherche pas à dire que l'AC/DC actuel est mieux ou moins bien que l'ancien. En particulier, la qualité musicale est toujours là et bien là, de même que l'envie et l'énergie. Mais AC/DC évolue, toutes proportions gardées, et je suis bousculé dans mes repères.
Dois-je le regretter ? Ce serait oublier cette pépite qu'est Have a drink on me, ce Sin City pendant lequel la fosse a chanté la ligne de basse, cette version démente de High Voltage et ce Shot Down in Flames que j'ai bramé à plein poumons. Ce serait oublier un Baptism by Fire magnifié par le live. Ce serait surtout oublier le miracle AC/DC : que des chansons que personnellement je n'apprécie que moyennement (Rock or Bust, Hells Bells et, dans une moindre mesure For Those) réussissent à me procurer tant de frissons et tant d'émotions contradictoires. Que je peux être au bord des larmes avec un sourire large comme la vie. En fait, j'aurais pu remplacer cette review, qui commence à être bien longue, par des mots repris (pas tout à fait fidèlement) de king5934 : et soudain, on sait pourquoi on est là.
Le show s'achève après une ultime canonnade, et on se retrouve comme des cons, transis de bonheur. On traîne un peu sur le site, histoire de prendre une dernière spécialité locale et un tour book... mais les deux sont sold out depuis un moment. Certains d'entre nous se rabattrons sur un t-shirt, un bandana, ou un verre floqué de notre groupe préféré. Aucun de mes compagnons de route n'a pris de ces odieuses cornes lumineuses, tant mieux, je les reverrai avec plaisir dans une semaine. On rame un peu, voire pas mal, pour retourner vers le parking en traversant la forêt en compagnie de plusieurs milliers de coreligionnaires. Enfin nos voitures sont en vue. Je prends congé et regagne mes pénates après une heure et demie de route agrémentée d'Highway to Hell et de Rock or Bust. Enfin, je m'écroule dans mon lit, épuisé par cette journée marathon.
Le lendemain, je me réveille avec la voix en moins, un bracelet pelouse or en plus, et un soleil dans le coeur.
Hockenheim : check. Prochain arrêt : Paris
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godown67 le 20 Mai 2015, 11:27, édité 1 fois au total.