Cette sortie me laisse des sentiments mitigés... Globalement, ça me laisse assez indifférent. Depuis le Live (et même déjà avant), les morceaux joués par les Boys de tournée en tournée n'ont guère changé. Vous noterez qu'à part les 5 chansons du nouvel album (qui ne sont pas extraordinaires en live), toutes ont été entendues lors des tournées Ballbreaker et SUL, et que nous avons un Live vieux de 20 ans qui contient déjà presque tous ces titres. Rien de bien nouveau sous le soleil.
Bref, j'ai l'impression que cet album est un remplissage inutile. Pour moi, ça prend la même direction que du mauvais Maiden, qui sort un live et un best of après chaque album. Sortir un album live si les titres varient, pourquoi pas ? Mais si nous connaissons déjà tous les titres par coeur, quel intérêt ? J'ai compté, rien que sur support officiel (sans les boots), j'ai 7 versions différentes de WLR, 5 de Hell Ain't, 5 de Let There be Rock. Où est la nouveauté dans ce live ?
Vous trouverez ça peut-être idiot ou intégriste, mais je trouve que ce live fait tâche dans la discographie. Et ça me déplaît. Parce ce que j'aime chez AC/DC, c'est d'avoir réussi à conserver pendant très longtemps une certaine intégrité artistique. On a tous nos albums préférés et d'autres qu'on aime moins, mais dans chacun d'eux, il y a quelque chose de particulier, un je ne sais quoi qui le rend spécial, et qui en fait une pièce qui s'insère dans le vaste puzzle qu'est la discographie d'AC/DC. Chaque album a quelque chose d'utile et d'harmonieux dans le tableau d'ensemble. Les live n'y coupent pas : avec un live pour Bon et un pour Brian, on a une rareté qui les rend précieux.
Et puis on a commencé à multiplier les sorties, parfois heureuses (Bonfire, Plug me in), parfois inutiles (les vidéos successives de No bull, SUL, live at River Plate qui n'ajoutent que très peu de choses au live à Donington), parfois franchement opportunistes (Iron Man. Mon Dieu, j'aimerais dire qu'il ne fait pas partie de la discographie, mais hélas il est bien là). Ce qui faisait toute la force et la cohérence de la disco d'AC/DC part en sucettes avec des trucs comme ça. Très longtemps j'aurai pu dire : "j'adore AC/DC parce qu'ils ne m'ont jamais déçu. Ils ont une quinzaine d'albums sans compromis, deux live de feu, sans jamais avoir dévié du sillon qu'ils avaient tracé". Depuis quelques années, j'ai peur que le souvenir que laissera AC/DC aux générations futures c'est "le groupe avec un petit vieux avec des cornes en plastique, qui sort le même live chaque année". Pour un groupe sensé incarner le pur rock 'n' roll, c'est bien triste.
Ce que j'essaye de dire sans être forcément très clair, c'est que depuis quelques années, AC/DC donne l'impression de cachetonner. Cette sortie, comme celle d'Iron Man ou dans une moindre mesure Backtracks (dont une partie du contenu reste intéressante) ne fait pas avancer la musique, n'a pas l'air d'être faite pour faire plaisir aux fans, mais donne juste l'impression d'être là pour pomper les vaches à lait que nous sommes en raclant des fonds de tiroirs.
Donc oui je suis déçu. Pas forcément par l'album lui même, qui en soit est un non-évènement. Mais surtout pour l'image qu'il renvoie du groupe.
Et en même temps, je fais partie de cette sale race qu'on appelle les collectionneurs. Et comme la base de ma collection, son socle, c'est les albums... j'ai bien peur de l'acheter, ce live à la noix et sa pochette en mousse !