Quoi ??!!! Rien sur Deep Purple ou presque ????!!!! (sauf erreur de ma part ...)
Alors qu'il me soit permis d'enfoncer des portes ouvertes; enfin, peut-être, car on réduit trop souvent Purple à un seul riff, le plus célèbre de l'histoire du rock il est vrai.
Pourquoi j'aime Purple, peut-être par-dessus tout (mais à égalité avec AC/DC !):
- Ils ont un des plus grands line-up de toute l'histoire de la musique populaire: Mark 2, leur second line-up (1969-1973 puis réunion en 1984-1989/1992-1993) c'est l'équivalent rock du Real Madrid des années 1955-1960 .... Ian Gillan, Ritchie Blackmore, Jon Lord, Roger Glover, Ian Paice: la dream-team !
- D'abord ils ont un grand chanteur. Gillan, c'est la classe absolue. Attention: pas du tout dans le registre agressif et éraillé merveilleusement incarné par Bon Scott (le nec plus ultra en la matière, mais c'est un autre chapitre). Gillan, c'est un mélange très britannique entre retenue et ferveur, entre humour et profondeur. Il est surtout célèbre pour ses aigus incroyables (qu'il a perdus progressivement au fil du temps), audibles entre autres sur Child in Time. Mais à mon sens, c'est seulement la cerise sur le gateau. Car son timbre de voix, peu spectaculaire a priori, est comme un grand bordeaux: fin et épicé comme un vieux Pauillac. Pas un vin de garage ... ni un de ces timbres body-buildés qui ont fleuri dans les années 80.
- Ensuite, ils ont un des meilleurs guitaristes de tous les temps, doublé d'un songwriter et riffmaker exceptionnel: Ritchie "the man in black" Blackmore. Caractère de cochon, pire que Gillan, chien et chat avec le précédent, mais bon dieu quel toucher. Fin technicien, certes, mais surtout ce "it" indéfinissable qui est la marque des grands. Soli mélodieux, impeccablement construits. Grand-père du heavy metal façon 80s (écoutez "Hard lovin'man", sur "In rock", et vous saurez à qui Iron Maiden doit dire merci), sans se limiter à aucun genre. Un feeling extraordinaire en rythmique et en solo!!!
- Un organiste virtuose, Jon Lord, ayant importé le jeu rock dans le classique et vice versa. Tantôt flamboyant, tantôt incisif et "rythmique".
- Une section rythmique subtile, à la fois lourde (Glover) et jazzy (Paice, le batteur).
Ensuite, ils ont un SON. DP est beaucoup plus que la somme de ses cinq musiciens, qui isolément ont connu des fortunes solo diverses. L'orgue hammond de Lord se duellant avec Blackmore lors de soli parfaits, les compos parfois assez pop au plan mélodique (Black Night, Strange Kind of Woman etc), mais toujours fines et intéressantes, des architectures variées sans être débridées (Un exemple: The Mule, sur Fireball, commence comme un pop/rock psyché classique, mais le chant s'arrête brusquement après une strophe et une sorte de refrain et le morceau part en instrumental. A l'inverse, les vocaux de Lazy sur Machine Head interviennent après quatre minutes d'instrumental ...). Pas de standardisation chez DP !
Impossible et inutile de raconter ici l'histoire du groupe. Ceux que ça intéresse la retrouveront sur les sites bien connus.
Citons tout de même les quatre albums studio et le live vintage de ce line-up:
- In Rock, 1970: une explosion hard rock, en décalage avec les tatonnements antérieurs du groupe. Un album fondateur.
- Fireball, 1971: plus éclectique, plus difficile, mais non moins excellent que le précédent
- Machine Head, 1972: contient "Smoke on the Water", bien sûr. Le plus classique des classiques. Chaque morceau est un petit bijou.
- Made in Japan, live 1972: LE premier grand live de l'histoire du hard rock.
- Who do we think we are, 1973: plus inégal, mais contient quelques pépites. Et puis, même moins inspiré, même en proie à des tensions inimaginables (Gillan règle ses comptes avec Blackmore par lyrics interposés, à peine voilés ...), ce Mark II reste très fort.
Après 1973, il y aura encore un 3è line-up "culte", David Coverdale et Glenn Hughes remplaçant Gillan et Glover. Mais c'est un autre son (plus blues), presque un autre groupe. Personnellement, j'apprécie, mais sans plus.
Quant à la réunion de 1984, elle relancera la machine, mais les frictions permanentes contribuent à décridibiliser l'entreprise, qui tournera vite à la guerre des tranchées, ou à "Dallas" (2è album post-réunion,"House of blue Light ", décevant, Gillan reviré, album à deux doigts du ridicule avec Joe Lynn Turner au chant en 91, puis retour de Gillan, bouderies, fâcheries, puis départ de Blackmore). J'ai personnellement assisté à un concert en février 1987 où Blackmore a refusé de monter sur scène pendant le rappel, Smoke on the Water ... Beurk ! Et j'ai moi aussi décidé de bouder après un concert sans âme avec Joe Lynn Turner en 1991.
Depuis 1994, le groupe a repris sa route dans le talent et la sérénité, et tourne massivement avec un nouveau guitariste, brillant mais rarement aussi magique que Blackmore: Steve Morse. Le dernier album en date, Rapture of the deep (topic par ailleurs), sorti en 2005, recèle plusieurs pépites et justifie la survie du groupe, un des rares avec AC/DC à vieillir avec classe, avec dignité. En concert, s'ils ont largement plus de soixante ans, ils restent excellents et vraiment impressionants musicalement.