L'instant mélo - les adieux de Godown à AC/DC
Hé ben voila, clap de fin. Cette année, je ne verrai AC/DC "que" deux fois, et la dernière s'est jouée samedi sur le circuit d'Hockenheim. Alors, oui, on le dit à chaque tournée, mais je serai bien surpris qu'on les revoit en Europe dans le futur. A chaque fois on ne veut pas y croire, mais ça devient toujours plus concret. J'écouterai toujours AC/DC, of course, mais c'était probablement mon dernier concert des Boys, et ça fait tout drôle.
Heureusement, les éléments étaient réunis pour que cette dernière soit mémorable. Hockenheim, c'était aussi pour moi la première date de la tournée précédente, et la première fois que je faisais un concert avec une grosse partie de la délégation H2. C'est comme ça que se sont tissés des liens d'une force rare avec cette bande d'adolescents attardés, qui en 9 ans n'ont pas grandi. Alors les revoir là où, pour la plupart, je les ai rencontrés, la symbolique est belle, non ? Un autre atout de ce concert, c'est sa localisation. Hockenheim est à 2 pas de la frontière française, à 1h à peine de l'Alsace du Nord où vit une bonne partie de ma famille. En terme de logistique, tout est donc en ordre.
Le jour du concert, j'ai donc rendez-vous sur le trajet avec la bande : Jul', Boltonskin, Tags 07, Wallace, Blackice, TheKing5934, Landslide, Twatwane. Ils sont tous là, patchés pour la plupart et souriants... jusqu'à ce qu'ils me voient avec mon marcel Guns N Roses ! Bon évidemment, ce n'était qu'une blagounette et je rentrerai vite dans le rang avec mon tshirt AC/DC, mais quand même... on peut rire de tout, mais pas avec tout le monde, manifestement.
On fait le reste du chemin ensemble et nous garons sur le parking vers 13h30/14h. L'un de nous a la présence d'esprit de dire "et on tâche de se garer près d'une sortie, parce que sinon on va rester des plombes sur le parking". Évidemment, tout le monde lui rit au nez, le con. On marche tranquilou vers le circuit, distant d'une petite demi-heure à pieds. J'ai évidemment emmené mon "sac magique" avec bonbons, petits gâteaux, saucissons et tout le toutim pour le casse croute.
L'Allemand est précautionneux, nous sommes donc loin d'être les premiers à l'entrée. Mais contrairement à la tournée précédente, il y a 2 tarifications pour la pelouse, et on a notre billet en pelouse or, donc on ne panique pas. En tout cas, le timing est bon, car à peine arrivés, les portes s'ouvrent et on se dirige vers notre coin pelouse (sauf Jul' qui a oublié son doudou et ira le rechercher à la voiture). Là, pas de bol, mon sac magique, quasiment intact, ne passe pas le contrôle. Adieu BN et Haribo !! Heureusement, c'est pas la Bratwurst qui manque dans le coin.
Cette année, ils ont mieux organisé l'entrée, et on marche quelques centaines de mètres pour arriver à notre place. Ca nous fera moins d'histoires à raconter qu'il y a 9 ans, quand on a sprinté sur la piste pendant 2 km... mais c'est nos poumons qui nous remercient ! On est donc en pleine forme pour pénétrer la pelouse or, et là, l'effroi ! On avait oublié à quel point la scène était haute ici. Couplez cela avec une pente ascendante, et vous comprenez qu'il sera très difficile de voir quelque chose. On tergiverse, on cherche des alternatives (barrière, pas barrière, devant, sur le côté, au milieu), mais il n'y a pas vraiment de spot idéal. Il va falloir se faire un raison : quel que soit l'endroit, on risque de ne voir une partie de la rythmique que sur grand écran. Un peu raide quand on pense que les places que nous avons prises sont les plus chères (nb : l'un d'entre nous a calculé que sur Hockenheim, le chiffre d'affaires avoisinait les 140 millions d'euros, mais comme il n'est pas allé à l'école, on a un léger doute).
On opte sur ce qui nous semble être un moindre mal : vers le 10ème rang, proche de la barrière latérale côté Stevie. On sait que Brian affectionne ce côté, donc lui, on devrait le voir. Commence l'attente, au final pas désagréable en raison du temps clément (pas de pluie, pas de gros coups de chaleur non plus), et surtout le nombre de personnes avec qui on discute. Bur nous a rejoint, certains rencontrent des connaissance du forum ou d'ailleurs et ça papote. Ca se risque même à parler en français à des Allemands, qui naturellement parlent.. allemand. Léger dialogue de sourds donc, mais dont tout le monde ressort manifestement satisfait. Bref, on papote, on rigole, Blabla comme toujours nous parle de la fois où il a vu les Boys ouvrir pour Françoise Hardy en 1965, on goûte les spécialités locales... et arrive la première partie, les Pretty Reckless.
Les avis sont partagés sur ceux-ci. Pour ma part, je reste sur ma première impression : musicalement, c'est bien exécuté à défaut d'être original, mais tout repose un peu trop sur la chanteuse Taylor Momsen, les autres musiciens étant assez peu charismatiques. Si vous aimez bien Madame, ça passe, mais ses minauderies peuvent lasser, ce qui a été le cas pour moi.
A 20h30, comme prévu, c'est au tour d'AC/DC d'entrer en scène. L'animation d'intro est sobre mais sait faire monter l'excitation. Et puis le groupe arrive avec ce superbe morceau qu'est If you want blood. Rien de mieux pour enflammer instantanément les 110.000 spectateurs du jour. J'écoute, j'ouvre grand les yeux, et je repars plus de 30 ans en arrière, quand j'ai découvert le groupe avec notamment ce morceau, et que j'ai eu le choc musical de ma vie. Les cahots de la vie, d'un côté comme de l'autre, font que je les ai plus ou moins suivi selon les périodes. Souvent plus, mais ces dernières années un peu moins. Mais putain, quand ils sont là sur scène et envoient tout ce qu'ils peuvent, sur un morceau comme ça... et bien rien d'autre n'est important.
Le placement toutefois est loin d'être idéal. Heureusement, à la faveur d'un judicieux sauté-frotté, Jul' et moi nous déplaçons pour nous poser un peu plus près de la barrière latérale, à un endroit où les teutons ont une taille humaine. La vue est un peu plus dégagée à défaut d'être parfaite. On ne bougera plus, et on assistera au reste du concert la main dans la main, les yeux dans les yeux, le doigt dans... pardon je m'égare. Les autres sont restés deux mètres derrière, et ont l'air bien aussi, tant mieux pour eux.
Mon Brian, mon cher Brian qui m'a causé tant de frayeurs le mois dernier à Séville est beaucoup plus en forme. Enfin je suppose, parce que la scène est trop haute pour que je puisse le voir quand il se met en retrait, entre les morceaux. Mais ce qui est certain, c'est qu'il s'étrangle moins sur les morceaux. Ce High Voltage qui m'a fait mal au cœur la dernière fois est cette fois superbe, tellement que je suis à deux doigts de chanceler (merci pour le bouche à bouche, Jul'). Tout au plus aurai-je 2 petites frayeurs, une au début, quand Brian bouffe un morceau et met quelques temps à se remettre dans le temps. Je frissonne : est-ce qu'il n'entend plus rien, comment va-t-il faire pour la suite ? Fausse alerte, ce n'est qu'un plantage isolé comme cela arrive. Et à la fin, sur TNT, quand il fait des grands signes à son équipe technique pour signaler un problème de monitoring, qu'il va finalement enlever ; sans conséquence, puisqu'il est resté dans le temps avec ses compères.
Angus lui aussi, est plus affuté que lors du 2ème concert de Séville. Bon, il semble, selon mon expérience et celle d'autres forumeurs, que Thunderstruck soit sa bête noire sur cette tournée, mais ça reste dans des limites acceptables, et il passe le reste du test haut la main. Et surtout, pour nos deux "anciens", quelle rage, quelle envie ! Cette tournée sera peut-être la dernière, mais à aucun moment elle ne sera celle "de trop". Ils sont toujours à leur place sur scène, ils y sont toujours heureux, et heureux de nous rendre heureux. Mon dernier concert d'AC/DC boucle parfaitement la boucle et pas un instant je ne regrette d'être là.
A défaut de bien les voir (sauf sur écran), je prête un peu plus attention à Chris et Matt. Chris intègre très bien, sans le singer, le jeu de mon cher Cliff, et notamment son usage à outrance du jeu descendant... et croyez-moi, sur un titre comme Riff Raff, il faut de l'endurance ! Quand à Matt Laugh, il est vraiment impressionnant. A l'image de Phil, il n'est pas du tout dans l’esbroufe, mais qu'est ce qu'il envoie ! Sa caisse claire notamment m'a vraiment scotché. Dire qu'il y en a qui vont se palucher sur le fait de savoir si son charley est assez ouvert ou non. Mais on s'en fout de son charley, quand on a une caisse claire comme la sienne ! Elle claque, elle est sèche et limpide, comme Bolton, quoi !
Les minutes passent à toute vitesse. Au bout de 2 heures, vient le rappel avec TNT et For Those About To Rock. Encore une fois, les émotions m'assaillent. On y est. Dans quelques minutes, Brian, Angus et leurs complices quitteront la scène. Pour la dernière fois en ce qui me concerne. J'étreins l'épaule de mon Jul'. Sur le début de la chanson, je ne suis plus là, j'invoque tous mes souvenirs avec AC/DC, qui défilent à vitesse grand V. Quelqu'un doit couper des oignons à côté de moi, parce que mes yeux se brouillent. Le solo touche à sa fin, il va y avoir une dernière enflammade. Je suis de retour à Hockenheim, je regarde autour de moi. Pour ces derniers instants, je ne serai pas seul. Jul' et moi refaisons quelques pas en arrière, on rejoint le reste de la troupe, on se prend dans les bras, on saute, on hurle, on lâche tout. On explose sur la dernière note et le dernier coup de canon. Ca y est, AC/DC est parti. Mon dernier concert aura été riche en émotions ; en tout cas, je pouvais difficilement rêver mieux, en 2024, pour une dernière.
On traîne encore un peu dans le coin avec la bande, le temps de faire 1, 2, 15, 25 photos de groupe et que Bolton immortalise le moment avec sa caméra. On arrive au parking, où on se rend compte qu'on aurait dû écouter celui d'entre nous qui nous invitait à bien choisir notre place de parking. Tout est à l'arrêt de notre côté, et il nous faudra 1 heure pour simplement sortir nos voitures de leurs places. Dernière petite galère qui soudera un peu plus la team H2. Avant qu'ils ne repartent de leur côté et moi du mien, on s'embrasse une dernière fois ; on se reverra dans d'autres circonstances. La plupart d'entre eux sera présent à Paris le mois prochain, moi ça ne sera pas possible.
La boucle est bouclée pour moi. J'ai vu AC/DC pour la dernière fois ce soir et, même si ça a été un super moment, je me sens un peu orphelin. Comme disent Arnaud Durieux et Murray Engleheart dans l'intro de leur super livre "Maximum Rock N Roll" : "Imaginez une vie sans eux". Dur, dur...
EpilogueLe lendemain, je reprends la route vers la maison avec Mme Godown. Je lui fait part de ma mélancolie à la suite de cette der des der, et du fait que tout le reste de la bande sera à Paris le mois prochain, sans moi.
"Et ben pourquoi tu n'y vas pas?
- Mais on est en vacances, je vais pas te planter pour un concert.
- Tu devrais y aller, sinon tu risques de le regretter. Et puis tu ne serais pas le premier de la team H2 à laisser sa famille en plan pour un concert (!!).
- C'est 850 bornes quand même...
- Avec un aéroport à 10 mn et des vols direct pour la capitale. Tu pars le jour J, tu reviens le lendemain, et moi j'aurai passé la journée à la plage.
- Rhô je sais pas, ça me gêne. Je vais y réfléchir, mais je vais sûrement m'arrêter là."
Le soir même : "Allô, la H2 Team ? Vous connaissez quelqu'un qui revend sa place pour Longchamp ?"
IT AIN'T OVER 'TILL IT'S OVER !!!