Covered In Black a écrit:
En même temps, les apn n'offrant pas systématiquement un rendu "naturel" de l'image que tu captures (points rouges, flous, artefacts, trames... surtout avec les compacts), la retouche photoshop n'a donc rien d'une hérésie, il faut juste ne pas avoir la main lourde sur les retouches "tape-à-l'oeil".
Le logiciel doit servir à sublimer la photo, pas à la rafistoler.
D'ailleurs, le flou et le grain dont tu parles était eux aussi savamment travaillés en post-prod' à l'époque de l'argentique. Totoshop a juste remplacé le bon vieux labo...
Je te felicite CiB, car en effet, c'est cela...
En numerique (a vocation artistique) on degrade les images, ajoutant du bruit (parfois pour simuler du grain), de la diffusion, ou un rendu que l'on souhaite donner. Une image en Raw est rarement chaleureuse..., voire souvent trop....sharp.
La retouche a commencé avec la photo. Elles peuvent etre visibles, ou invisables, suivant ce que l'on souhaite, suivant l'objectif.
L'important c'est ton message. A toi d'emmener le lecteur là ou tu veux, sur ce que tu souhaites mettre en avant, une ambiance, un detail. Le recadrage est un de ces outils (par exemple il permet de s'affranchir de zones presentes dans le champs qui attirent (inconsciemment) l'oeil, et parfois au detriment de ton message. Mais les supprimer par recadrage n'est pas toujours jouable, car ca peut desequilibrer ton image (rapport de masses, equilibres entre zones lumineuses et sombres, bref, l'harmonie generale).
L'autre option si ton image presente ce genre de difficultés (il y en a d'autres, c'est juste un exemple ici) cela peut-etre alors de les attenuer, les assombrir, pour que les zones lumineuses qui attirent nous ramenent (inconsciemment) vers ton sujet...
Inversement, tu peux aussi faire ressortir des zones, pour les memes raisons.
L'important, c'est de favoriser la lecture d'une image, ou accentuer ton message.
Sur ma lame de rasoir, betement, il y a beaucoup de boulot de retouches...(avec mes mains, et des petits outils (aucune retouche informatique: car mon objectif est de presenter des tirages barytés, tirés manuellement): On redessine une image avec la lumière..., comme un pinceau de lumière que l'on promene.
Ces masquages peuvent etre aussi volontairement visbles, profondement marqués (Sieff et ses tireurs le faisaient souvent), et c'est ce que je vous ai montré ici sur la petite fille ci dessus (sur ce tirage, je masque/attenue un peu tout ce qui me semble parasite, ou ne m'interesse pas, et en forcant. je reprends aussi le doudou (qui atirait trop l'oeil, au detriment du regard).
Les outils?
Le premierdes outils, ce sont tes mains....
Tu peux retenir une zone en la masquant avec tes mains, ou un doigt.
Inversement, tu peux réexposer (apres ton expo globale) une zone etendue, en joignant tes deux mains par exemple, puis en formant un trou entre tes 2 mains pour ne laisser passer la lumiere qu'a cet endroit là. Et tu exposes comme ca, en controlant ou tu te trouves sur ton margeur.
Pour des zones plus petites, ou difficiles à controler avec tes mains, il vaut mieux se faire des petits zoutils:
Chacun se fait ses propres outils: tu les connais bien, et parviens a avoir des automatismes avec le temps:
ici les miens: un grand classique, une feuille percée, pour réexposer (attenuer, assombrir) des zones, localement: tu joues sur la grosseur du trou et sur la distance entre l'objectif de ton agrandisseur et la projection sur ta feuille: tu joues egalement sur l'ouverture du diaph, et le temps d'exposition de ta retouche, suivant que tu veuilles marquer fortement la chose, ou au contraire faire un masquage tres doux, diffus...
Inversement, tu peux retenir une zone, en occultant localement la lumiere: ici tu vois le petit bidule que je me suis fait pour cela: une grosse zone ronde a un bout, mais que je peux transformer en ellipse projetée suivant l'inclinaison que je lui donne, et choisir ses dimensions (sa taille) en fonction de la zone que je souhaite masquer sur ma feuille en l'approchant ou eloignant de ma source de lumière (c'est un peu comme des ombres chinoises...)
De l'autre cote, a l'autre extremité, un petit "triangle", que je peux aussi transformer en "rectangle" suivant la facon dont je l'oriente, et tu choisis cela en fonction de ta zone projetée que tu souhaites retenir (la rendre moins sombre, moins dense, ou eviter que certains details ou motifs se bouchent et se noient).
Et surtout, tu remues ces objets, feuilles et/ou masques pendant ton expo, pour balayer la lumiere et eviter que ton outil ne laisse une empreinte.
J’en profite pour repondre a ta question jisse : comment changer localement les contrastes sous agrandisseur : à present on travaille avec du papier multigrade (ca n’était pas le cas il y a 30ans ;o) : tu filtres ta lumieres avec des filtres colorés (a grade multiples, de 0 à 5) que tu interposes deriere ta lampe. Si tu veux durcir (augementer) localement le contraste sur une retouche, ou sur une expositions generale, tu le fais avec un grade d’autant plus elevé que tu souhaites augmenter ton contraste. Inversement, si tu souhaites adoucir, faire sortir de la matiere par esemple, des gris, tu places un filtre bas.
Voila des exemples.
Il y en a d'autres. Tu peux adoucir une image, un portrait, en placant un bas etiré juste sur ton objectif: cela diffuse un peu legerement la lumière, et elle devient moins "nette".
Photoshop n'a pas inventé ce genre de retouches, lesquelles sont tres aisement reproduites et bien mieux : la difference etant que :
-tu le fais sur une image positive (au labo, elle est negative, peu visible car on travaille souvent a diaph fermé pour que nos retouches soient douces et diluées, pour que l'intensite lumineuse que tu envoies soit faible, ce qui te permet d'avoir des temps d’expositions de 30sec et donc le temps de balayer ta surface.
-tu vois tous les effets immediats de ta retouche, et avec la possibilite de revenir en arriere pour corriger, etc (en labo, non: si tu as 12 expositions, les 12 sont cumulées: et tu ne vois que les 12 ensembles, apres revelation). Ton image sur laquelle tu travaille, celle que tu modifies, est Latente. Donc tu n’es jamais vraiment sur que ce que tu fais est bien ou tes temps et retouches corrects (c’est pas a pas, par essais/erreurs, et a toi de savoir decoder par experience les temps et passages en fonction de la densite lumineuse de la zone a retoucher).
- Tu peux te matter un film, aller fumer ta cloppe, entre deux interventions sur ton image, te changer les idées si ca te prend la tete ou si tu ne trouves pas la solution sur le moment : en labo, tu es enfermé, et tu dois tout faire dans la foulée.
-tu peux travailler un poil de pouieme de poil du cul (il suffit d’aller chercher un pixel sur ton ecran). Sous agrandisseur, non, bien sur. Et je dirai meme que nous sommes en plus limités par le facteur d’agrandissement : il est, de facon evidente, plus simple de travailler/retoucher un 30x40 qu’un 13x18 ou 24x30. Ne serait ce que par la taille, plus grande, mais aussi et surtout car l’intensite lumineuse de ta lampe (qui reduit en 1/r2, r etant la distance entre ta source de lumièere et ta surface projetée) te permet d’acceder plus aisement a des temps de retouches plus longs…, et donc plus confortables (tentez de faire une retouche quand votre temps d’expositions de cette retouche est de 2 sec…, vous verrez, ca devient sportif).
Un autre compromi et que je vois beaucoup sur le net c'est garder la specificite du film en shootant en argentique, puis de numeriser le nega (tu developpes juste ton nega): là, tu as deja un rendu intrinsèque (ce que n'a pas le numerique, en brut de capteur), celui du film que tu auras choisi (et qui varit d’un film a l’autre): a partir de ce fichier scanné, tu peux ainsi travailler comme un fichier raw ton image, en positif bien sur. Tu peux aller tres tres loin, là, beaucoup le font superbement, en allant au dela de ce que leur permettait l'argentique avant leur bascule, en s'exprimant différemment..., en redessinant tout totalement.
Je precise juste que tous mes amis photographes/artistes sont pour la plus part de (bons/tres tres bons...) numericiens, que j'admire, et dont le travail me touche: Ceci pour preciser que je sais AUSSI apprecier le travail numerique: l'important, à nouveau, c'est la finalite, pas tant l'outil.
Mais cependant, quand on me donne ou offre un tirage argentique, quelque soit le niveau du mec, ou meme si l'image ne me parle pas plus que cela, je le garde...., je le conserve, ne serait ce que par respect: je sais (encore...) ce qu'il y a mit en amont. Je sais qu'ils s'est NECESSAIREMENT investit. Et que tout tirage sous agrandisseur est une sorte d'original..., c'est un Objet.
Je n'ai pas (viceralement) cette meme relation avec une impression de fichier (dont tu peux faire xxxx exemplaires totalement identiques : déjà que j’ai du mal a admettre les prix pratiqués par ces impressions…, et que je vois des tirages argentiques et d’Auteurs au meme prix parfois, je me dis il y a un probleme). C’est comme ca, c’est perso.
Je ne peux aussi que conseiller d'aller voir de visu (dans une expo par exemple) de vrais tirages barytés en 30X40 ou plus....: c'est d'une douceur..., un rendu...qu'aucun affichage ecran (et meme tel que publié dans un livre) ne pourra retranscrire.
De l'autre coté (numerique), en ce qui concerne les impressions (dans le domaine pro) le numerique fait a present des progres enormes, et ca ne demande qu'a evoluer et se developper. J’au vu des choses tres tres belles.
Mais attention, ca n'est pas toujours le cas. J'ai vu aussi en expo des trucs/rendus papiers....a chier. Je veux dire, tu t'approches...et tu trouves cela fade..., sans matiere. Ca ne vit pas..., ne me fait pas vibrer.
Autre petit regret… : il est evident que l’argentique va devenir une niche. On s’y attendait tous (raison economique, entre autre, et facilite/commodité du numérique pour repondre a pas mal « d’imperatifs » vers laquelle la photo (et notre societe), celle de tous les jours ou pro, est progressivement poussée. Le numerique a aussi permi a beaucoup d’aborder la photo peut-etre plus aisement, et je dis bravo/tant mieux.
Je pense que l’on continuera à produire du film (Kodak, fuji) et donc nous s’en procurer, tant que le cinema continuera en 35mm… (et ca n’est pas demain qu’il passera au tout numerique : ce mileiu etant peut-etre encore plus attaché, viceralement, a ces rouleaux…, et aussi pour des questions de rendu).
En revanche, je pensais que cette niche allait certe se reduire, mais converger, pas disparaitre… : Recemment, le labo Imaginoir a fermé ces portes. Imaginoir, une legende…. Des tireurs reputés, renommés, avec un savoir faire unique et le resultat d’années d’apprentissage, envolés…., disparus.
Qui, aujourd’hui, va faire cela ? Qui va transmettre cela ?
Je trouve cela dommage.