par Stanley » 20 Nov 2020, 06:17
Bon, je me suis laissé aller à une review extensive...
Premier constat à l’écoute de Power Up : cet album est le plus hard rock depuis Ballbreaker, tant par l’écriture que par la production. Autre constat : tout le monde est en grande forme, notamment Brian dont la performance est impressionnante. Enfin, cet album s’écoute, le travail de composition est riche, l’interprétation est forte, chaque titre raconte une histoire différente. Mon sentiment actuel est que Power Up est le meilleur album d’ACDC depuis Ballbreaker.
Realize est agressif et programmatique. Dans la veine des albums Blow Up Your Video et The Razors Edge, il annonce ce qui nous attend pour ce nouvel album : Gonna make you realize / I got the power to electrify / Make or break, or satisfy / Feel a chill up and down your spine / I'm gonna make you fly / Fly, fly! Le morceau est compact, puissant, très produit. Dans l’ensemble, c’est le groupe qui se lance à toute vitesse sur l’autoroute de l’enfer, à bord d’une Chevrolet Nova 1970 de couleur noire, Brian au volant avec un sourire malicieux.
Rejection est plus roots, presque dans l’ambiance de l’album Highway to Hell. Le titre s’ouvre sur un question-réponse entre Angus et la section rythmique. Puis le premier couplet démarre, c’est maintenant qu’on entre véritablement dans l’album et c’est à la fois groovy, lourd et menaçant. Le refrain se reprend en chœur, la frappe lourde de Phil souligne la menace latente qui porte le titre : Disrespect me / And you get burned. Le solo d’Angus s’achève brillamment sur la reprise du pattern d’ouverture (question-réponse), puis nous voilà de nouveau dans le refrain. Au final, un titre qui rock et qui roll furieusement, dans une veine très 70’s.
Shot in the Dark est entraînant, mais ce titre me laisse un peu mitigé : un boogie rock dans la veine post-2000 d’ACDC, un peu trop attendu pour moi. Le solo d’Angus est en revanche vraiment intéressant.
Through the Mists of Time est une très belle surprise, nostalgique voire mélancolique, construit autour d’une montée en puissance depuis l’ouverture jusqu’au refrain. Musicalement, ce titre dédié à Malcolm résonne pour moi avec l’ère Bon Scott. La contribution de chacun des boys est remarquable, la charge émotionnelle est certaine.
Kick You When You’re Down est l’une des grosses claques de cet album. En ouverture, un Brian remonté gueule dans un crescendo menant jusqu’à la reprise collective de la question qui drive le titre : Why do they kick you when you're down?! Puis le titre se lance dans un pur « field holler style » : c’est roots, lancinant, puissant. On est aux racines de la musique d’AC/DC. On part des rives du Mississippi pour rejoindre Taste au festival de l’Île de Wight.
Witch's Spell est porté par un excellent riff de refrain digne de l’album Ballbreaker (Burnin’ Alive). En revanche, le couplet sonne à mes oreilles comme une face B de l’album Stiff Upper Lip. Aussi, la touche glam-rock du chant sur le refrain n’est pas à mon goût.
Demon Fire est une autre belle surprise, on se rapproche ici d’un Caught With Your Pants Down, avec un Brian plus badass que jamais. L’ouverture est un question-réponse entre Brian et le groupe, le chant se place dans les graves dans une veine différente de celle exploitée sur des titres comme Stiff Upper Lip. Puis le titre démarre sur les chapeaux de roues, ça cogne très dur, mais sans sacrifier au relief. Le solo d’Angus s’ouvre sur un riff heavy qui conclut également le titre avec une belle énergie. Ce titre, c’est la Chevrolet Nova 1970 de couleur noire lancée sauvagement sur la route en pleine nuit. Il pourrait figurer dans un film Grindhouse comme Boulevard de la mort. Surtout, il aurait toute sa place dans la setlist de la tournée à venir.
Wild Reputation se place dans l’ambiance de l’album Powerage. Titre le plus court de l’album (2’54), sa structure lui confère une belle dynamique : entrée progressive des différentes contributions, Angus en picking, un solo travaillé suivi d’un bref intermède durant lequel Brian se place superbement dans les graves, puis quelques coups de tom et le groupe repart avec une montée en puissance pour conclure le titre sur une grille d’accords de puissance. J’apprécie particulièrement les paroles, on nous raconte une histoire en peu de mots : In a one horse town / They try to put you down / And make you feel out of place / Don't dare look in your face / Got a wild reputation (…) / Somebody robbed the bank (…) / And I'm comin' down Main Street / Get out of my way / I ain't stoppin' for nobody.
No Man's Land pourrait figurer sur l’album Flick of the Switch (Badlands). Ce blues celtique porté par la frappe au fond du temps de Phil prend toute sa mesure dans les pré-refrains particulièrement puissants, et un refrain qui se reprend en chœur.
Systems Down est une quasi-variante de Touch Too Much qui aurait pu figurer sur l’album Ballbreaker. Peut-être le titre le plus ombrageux depuis Furor, c’est une belle surprise pour moi. Et sauf erreur de ma part, le titre traite du réchauffement climatique avec une imagerie forte : Feel it burnin' up the heat / See the flames / Scorchin' everything it seeks / We got a chain reaction / It needs immediate action / This furnace is about to blast / Systems are going down / Systems are burning out / And they all fall down.
Money Shot est sexy, dans l’ambiance de l’album For Those About to Rock (I Put the Finger on You). Deuxième titre le plus court (3’05), ce titre direct possède un refrain particulièrement entraînant et un solo relativement étendu. Le placement des interventions de Cliff contribue largement au dynamisme du titre (Cliff est absent sur l’essentiel des couplets pour entrer au moment des refrains).
Code Red a le potentiel d’un excellent titre hard rock, dans l’ambiance des albums Back in Black et For Those About to Rock, mais il manque quelque chose. La prestation de Brian est cependant superbe par le flow et l’énergie. On peut également se réjouir du caractère sombre du titre, un registre abandonné après l’album Ballbreaker.
Au final, ma préférence va aux titres (1) Rejection, Demon Fire, Systems Down, Kick You When You’re Down et Through the Mists of Time, puis (2) No Man's Land, Money Shot, Code Red, Wild Reputation, et enfin (3) Realize, Shot in the Dark, Witch's Spell.
Une singularité soulignée sur le forum est la présence importante des chœurs sur l’album. J’y vois deux causes :
(1) En tant qu’album hommage, il laisse plus de place à chaque membre.
(2) La British Invasion a fortement influencé ACDC, un courant qui a souvent valorisé les chœurs. En écoutant l’album Power Up, je me suis baladé dans l’UK des 60’s/70’s, un périple allant de Newcastle à Manchester en passant par Edinburgh et Dublin, avec les Yardbirds, Kinks, Rolling Stones, The Who, Free, Taste, Deep Purple, Black Sabbath…