Quelle ne fut pas ma surprise il y'a deux mois de ça, de trouver dans mon petit journal régional, l'annonce de la venue du Dieu vivant du blues et du rock (j'ai nommé Johnny Winter !) dans ma bonne vieille ville de Valence (Drôme)
Le croyant définitivement disparu du circuit des tournées mondiales, je cours chez mon revendeur pour acheter mon précieux sésame (36 Euros) Mince quoi ! Johnny Winter ! Il a fait Woodstock le mec ! Un virtuose de la guitare ! Je suis aux anges, moi qui pensais ne jamais avoir l'occasion de le voir jouer sur scène ! C'est comme de voir Jimi Hendrix quoi !
Le concert a donc lieu à la salle du Théâtre le Rhône à Valence. Salle sans prétention, d'une capacité de 600 places, plus habituée à voir défiler les humoristes que les stars du blues ! J'y avais quand même vu Popa Chubby l'année dernière...
Le sachant âgé et affaiblit par la maladie et par des années de vie de Rock Star, je ne m'attendais pas à un véritable show sur scène. Seulement un bon vieux Bluesman qui nous fera vibrer par ses solos sans fin.
Malheureusement, la réalité fut tout autre...
Le concert commence d'abord avec ses trois musiciens seuls. La chaise posée au milieu de la scène, me laisse penser que Johnny jouera assis. Je m'en doutait...mais bon...je m'en fou royalement. Au bout de deux minutes, il arrive enfin sur scène. Le dos complètement courbé, marchant au ralentit et tremblant de la tête au pied. Il a 68 ans mais en paraît 80. Il s'installe péniblement sur sa chaise et le concert commence enfin. Un morceau de Winter c'est 1mn de chant et 6mn de solo. La règle n'a pas changée mais, malheureusement, les solos étaient tout simplement catastrophiques...
Atteint d'une sérieuse arthrose, Johnny Winter n'est plus du tout maître de son doigté jadis légendaire. Alors que les riffs étaient quant à eux maîtrisés, l'exécution des solos ne se sont pas fait sans accros. Le tirage des cordes été approximatif et à peine audible. Les slides étaient quant à eux atroces. Ses doigts ne glissaient pas correctement sur son manche et s'arrêtaient trés souvent sur la mauvaise case. Les fausses notes se comptaient par dizaine et, alors que sa main droite grattait une corde, sa main gauche en pinçait une autre.
On avait de la peine à le voir jouer. J'avais tout simplement l'impression de m'entendre jouer un de ses morceaux, guitariste amateur que je suis !
Aprés 1h30 de concert (quand même !) Johnny quitte la salle sous les applaudissements, épaulé par son guitariste qui le guide lentement jusqu'aux loges.
Est ce que j'ai été autant pour autant déçu ? Pas du tout. Pas le moindre du monde. Le son été là, ses musiciens se sont donnés a fond, et malgré un manque flagrant d'envie et de technique, Johnny Winter à tout de même réussi à nous faire vibre au son de sa Gibson Firebirds. Une voix comme on aime, et une utilisation sans faille du Bottleneck.
On ne peut pas réellement lui en vouloir. Son corps lui fait aujourd'hui payer 40 ans de drogues, d'alcool et d'excès en tout genre. Je pense qu'il doit être le premier à regretter son doigté d'antant..Rien avoir bien sur avec une Madonna capricieuse, qui ne se cache même pas d'offrir de piètres prestations de 45 mn à son public alors qu'elle est capable de beaucoup plus. Au contraire, on a une certaine affection, un certain respect, une pointe de tendresse non dissimulée, pour ce vieux papy texan albinos aux cheveux longs et blancs. C'est peut être tout simplement la tournée de trop. Courage Johnny !
Luka