Petite review perso du concert de Lille hier, ma première de Motörhead. Enjoy!

Juste une semaine après le concert de Lenny Kravitz, je reprends déjà le chemin du Zénith de Lille. Cette fois, c'est pas pour une icône glamour du Rock, mais pour un peu son opposé: Motörhead, légendaire groupe de Rock N Roll lourd et bien gras. Le glamour étant remplacé par la sueur et les tripes, la testostérone vous prenant directement par les narines. Emmené par le symbole Rock par excellence, Monsieur Lemmy Kilmister, nul doute que ce concert sera un sacré moment.
Arrivé vers 18h30 à l'intérieur du Zénith, je me réjouis de me retrouver à 2-3 mètres de la scène, au plus près de ce groupe mythique qui ce soir va me faire connaitre l'orgasme auditif. Me direz-vous, j'ai certes dans mon palmarès d'autres icônes tels AC/DC ou Joe Satriani, mais là c'est encore un autre registre. La première partie est un groupe français, bien connu puisqu'il s'agit de No One Is Innocent. Des gars ayant déjà pas mal de bouteille derrière eux. On peut dire, directement, que leur carrière est réussie... Ouvrir pour Motörhead, c'est un rêve. Et je les ai trouvés à la hauteur de l'événement. On pourra critiquer les textes engagés, parfois un peu rasoirs diront certains, mais musicalement c'est en place, ça envoit bien, et surtout, le groupe se déchire sur scène. Rapidement notre chanteur se met à l'aise et se défonce comme s'il jouait sa vie. Le guitariste, très énergique lui aussi, sera impeccable sur son set, tandis que le bassiste passera en revue plusieurs techniques de jeu à la basse avec le médiator, le doigt, et le slap tapé au pouce. Derrière, les claviers et la batterie sont en place, c'est bien mené, et ça fait passer un bon moment. Bravo messieurs, même Phil Campbell (guitariste de Motörhead) apprécie le show et sera le premier à vous féliciter à la sortie de scène.
Mais le problème quand on ouvre pour Motörhead, c'est que le groupe qui joue en première partie, souvent, on s'en fout un peu, parce qu'on vient pour Motörhead et personne d'autre. Et c'est bien ce qui s'est passé ce soir: accueil mitigé, et impatience de retrouver Lemmy et sa bande sur cette même scène. Surtout quand on vous dévoile le décor qui sera celui du groupe britannique ce soir: une batterie monstrueuse surélevée au niveau des têtes d'amplis, qui reposent elles mêmes sur deux caisses de 4 baffles chacune. Je vous laisse imaginer la décharge sonore qui va suivre. Pour le reste, pas de fioritures, un lightshow honorable et une simple inscription "The World is Yours", du nom de leur dernier album, devant l'estrade sur laquelle se trouve la batterie. Et puis cette basse, cette Rickenbacker que tous les bassistes rêvent de posséder, quand on la voit arriver sur l'épaule d'un technicien, ça vous fait quelque chose. Rien que l'instrument en jette, c'est dire.

Bref, le trio se fait attendre, et c'est dans un délire total que les lumières s'éteignent, avec un public gonflé à bloc. Lemmy arrive derrière son micro, toujours surélevé et tourné vers le bas, et aura pour seul mot "Bomber", qui laissera à peine le temps de réagir avant de directement nous bombarder de décibels avec cette chanson simplement monumentale d'entrée de jeu. Je me trouvais alors au meilleur endroit et je me suis fait un peu surprendre pour mon dépucelage façon Motörhead: j'étais tout simplement en plein milieu d'un énorme pogo qui allait sévir pendant tout le concert.
Durant les 2-3 premiers morceaux, c'est bien simple, j'ai pas tout compris de ce qui m'arrivait. Pourtant j'en ai fait des concerts, mais jamais je n'avais connu une telle violence, que ce soit par le public ou par la musique qui s'offrait à moi. D'un côté, il y avait cette foule en délire, complètement déchainée, qui ne cessait d'aller et venir, vous repoussant sur les premiers rangs telle la mer déchainée par une tempête qui frôle l'ouragan. Serrés les uns aux autres, la seule façon de survivre dans ce champ de bataille c'était de faire aller ses épaules au gré des mouvements de foule. Je plains ces quelques demoiselles qui n'ont pas dû bien comprendre ce qui leur arrivait elles aussi. Et le "danger" ne venait pas seulement que par les côtés, il venait aussi d'au dessus de vos têtes. Nombre de bonhommes se faisaient envoyer en l'air (non non, au sens propre du terme bande de pervers!), et se faisaient balancer dans tous les sens. Après en avoir envoyé moi aussi 1 ou 2 dans d'autres directions, y'en a un troisième que j'ai pas vu arriver, de derrière, qui m'a claqué son pied en pleine tête. Pas très agréable, mais après tout ça fait partie du show. C'est après 2-3 morceaux que j'ai réussi à m'extirper de ce combat vers le côté de la scène, où je pouvais un peu plus profiter du spectacle.
Violence, comme je disais, il y en avait aussi devant moi, sur scène et dans les oreilles. La décharge de décibels donnée par ce groupe est tout simplement hallucinante. Et la musique n'y est pas étrangère. A droite, vous avez le symbole du Rock N Roll par excellence: Lemmy Kilmister, coiffé de son éternel chapeau de cowboy et armé de sa basse tout aussi légendaire que lui. Une magnifique Rickenbacker, imposante, lourde, qui vrombit de toute sa "chair" quand son Maître la martèle pour nous sortir ses riffs à la signature bien reconnaissable. Ce son produit est complètement hallucinant, ce n'est ni une basse, ni une guitare, c'est juste un instrument capable de remplacer les deux sans aucun problème. Je vous laisse imaginer le type de son que vous pouvez obtenir. Et puis le bonhomme, même s'il semblait un peu en retrait, qu'est-ce qu'il dégage comme aura... Le voir suffit juste à vous donner une énorme banane, vous vous dîtes que devant vous Dieu existe vraiment, incarné par ce Révérend du Hard qui vous fera la messe pendant plus d'une heure. Mythique.
A gauche, vous avez Phil Campbell, lui aussi au style un peu cowboy et armé cette fois d'une guitare qu'il mettra dans ses derniers retranchements. Une cascade de sons et de notes qui accompagneront la musique du Maître de manière divine. Très juste dans ses soli, il est aussi très à l'aise sur scène, ne cessant d'aller et venir dans chaque coin pour haranguer la foule devant lui mais aussi comme pour remercier tout ce monde d'être venu là, faire la fête avec son groupe dont on sent toute sa fierté d'en faire partie rien qu'avec le plaisir qu'il dégage. Pourtant ça fait bien longtemps qu'il tourne avec eux et qu'il fait partie des meubles, mais il s'amuse comme un gamin et ça fait plaisir à voir.
Au centre, vous trouvez Mikkey Dee, batteur (on pourrait même dire frappeur), qui officie là haut derrière le monstre qui lui fait office de batterie. Habillé d'un simple marcel à l'effigie de son groupe, on distingue facilement ses énormes bras qu'il utilise pour frapper littéralement son instrument de manière à donner le rythme qu'il faut à ce trio Rock qui nous assène une musique monstrueuse elle aussi. Il nous offrira un solo d'enfer, tapant comme une mule sur sa batterie qui fera vrombir tout le Zénith. C'est bien simple, quand il tape, vous sentez vos vêtements bouger comme au vent, vos tripes se font prendre tandis que tout votre corps résonne de ses coups. Grandiose.
L'alchimie qui se produit, comme je le disais, c'est une décharge de décibels qui vous éclate en pleine poire pendant plus d'une heure et quart. Vous avez ces instruments à cordes qui vous font tenir un semblant de mélodie, vous avez cette batterie qui raisonne jusqu'au plus profond de votre corps, et enfin cette voix d'outre tombe qui récite ses textes comme si elle sermonnait ses fidèles de retourner complètement le lieu. Ça passe à une vitesse folle que vous ne comprenez pas trop pendant tout le concert ce qui vous arrive, et comment vous vous êtes retrouvés là à headbanguer comme un malade au son de ce groupe.
Le final est apocalyptique, avec un Goin' To Brazil et surtout un Iron Fist du feu de Dieu qui vont littéralement mettre le public à terre. C'est déjà la fin, mais vous sentez que le rappel aura bien lieu. Mais ce rappel, c'est peut être le meilleur que j'ai pu vivre dans toute mon expérience des concerts que je ne cesserai d'accroitre encore et encore. Ace Of Spades, que j'attendais comme beaucoup d'autres, puisera tout au fond de vous et rendra complètement folle une foule en délire total. Overkill, qui clotûrera le show, vous fera méchamment bouger une dernière fois dans un bordel comme jamais je n'en ai vu. Jamais je n'aurais headbangué aussi fort, jamais je n'aurais entendu une batterie vous prendre aux tripes de cette manière. Et en plus, ça rapproche les personnes, j'ai fini le concert à faire la fête avec des mecs que je ne connaissais même pas. Mais c'est pas grave, c'est ça qui fait la force de Motörhead, c'est une musique qui rapproche les personnes, qui unit et qui met tout le monde d'accord, et ce malgré les critiques de soit-disant bien pensants qui vous diront qu'elle incarne le mal. Ces gens là se trompent.
Les trois membres resteront quelques temps encore sur scène à la fin de leur récital, à remercier vivement toutes les personnes venues ce soir qui en auront pris méchamment dans la tronche. A la fin, vous vous sentez lessivés, même si vous n'avez pas pogoté pendant tout le concert. J'ai moi même du mal à comprendre comment ces gars-là font pour rester en forme pendant tout le concert, tellement à la sortie je me sentais crevé, lessivé, vidé par cette musique qui m'aura complètement retournée.
Finalement, on peut dire que Motörhead, c'est une musique de brutes, jouée par des gentlemen. Alors, un grand Merci à ces trois immenses bonhommes qui feront vivre le Rock jusqu'à leur mort, et au delà.