Pendant que Strangeman et Ludovic13 se roulaient des galoches, je suis allé dans la 1ère fosse à la Halle. "1ère fosse" et pas "pelor", hein : en pratique, c'est la même chose, on a son petit carré à soi dans les premiers mètres de la fosse, mais avec quand même une différence de taille : ça ne coûte pas plus cher de bien rocker. Chez Rammstein, la politique, c'est un tarif unique, que ça soit en fosse ou en gradin, devant ou derrière. Vu le tarif globalement équilibré (60 €, pour une des infrastructures les plus lourdes qui tournent en ce moment), je trouve que c'est un bon deal.
Bref, j'arrive dans cette 1ère fosse, avec un placement moyen (environ 15 mètres de la scène, mais je ne suis pas bien grand), mais je n'ai pas envie de me plaindre ; ce soir, la Halle est en configuration max, comme il y a 3 ans et demi, et le résultat n'est pas beau à voir. Un gradin central au fond et deux latéraux très reculés (on doit être à 50 mètres de distance), et au milieu, la plaine de la Beauce. Des milliers et des milliers de fans dans une fosse aussi plate qu'un livre de Marc Lévy, et tout en longueur (comme Marc Lévy, là encore). Comme il y a 3 ans, pas d'écrans, mais j'ai l'impression que c'est plus du fait de Rammstein que de l'organisation de la Halle.
Après une petite heure d'attente, arrive la première partie. Première bonne surprise ; comparé à ce truc sans nom qu'était Combichrist en 2009, on a cette fois droit à un DJ, qui nous fait des mix technos de Rammstein. Le résultat est assez intéressant et bien en phase avec ce qui nous sera joué plus tard. On peut toutefois regretter les longueurs : une quarantaine de minutes au total, il y a eu un certain nombre de temps mort. Mais dans l'ensemble c'était plutôt honnête.
Un rideau semi-opaque est dressé devant la scène. Tout à coup, nous entrapercevons, derrière ce rideau, des flammèches qui s'allument en même temps que Christoph, à la batterie, entame l'intro d'Ich Tu Dir Weh. Quand le morceau part pour de bon, le rideau tombe et les musiciens déboulent. On notera notamment l'apparition de Till, perché sur une plateforme qui descend lentement depuis le plafond. Le chanteur entame le concert avec une dose assumée de second degré, son air martial et sa tenue en cuir étant contrebalancés par un gilet en fourrure rose très seyant...
Le concert est très bien maîtrisé, que ce soit en termes de spectacle (il y a des flammes de partout, des explosions, un homme brûlé sur scène pendant Benzin, Flake est mis dans une marmite et cuit au lance-flamme sur Mein Teil, etc.) ou en termes de musique : si Tony Garnier en fond de salle est un calvaire, le son à l'avant était plus qu'honnète. Je regrette toutefois que les claviers soient souvent un peu noyés sous les autres instruments (je m'était déjà fait la reflexion en 2009), mais on pardonne aisément à Flake tant son personnage est drôle, entre ses danses alternatives et le tapis de marche sur lequel il parcours des centaines de kilomètres pendant qu'il pianote.
Au gré des mouvements de foule, je progresse peu à peu vers l'avant de la fosse, et à chaque mètre j'ai l'impression qu'il fait 25 degrés de plus. Je me demande comment les musicos font pour ne pas tomber en syncope soir après soir au milieu de toute cette débauche pyro. Même si la foule n'est pas si dense et si agitée que cela (l'ambiance est globalement très bonne, mais ça n'est pas forcément la folie), Il fait vraiment très très chaud !
J'ai beaucoup aimé la set-list. Grosso modo, une dizaine de chansons sont communes avec le concert de 2009. Pour la petite moitié qui reste, c'était de l'inédit pour moi. Et croyez-moi, avoir l'occasion d'entendre en live des chansons aussi superbes que Du Riechst So Gut et Sehnsucht, ça fait son effet ! Petit regret de ne pas avoir eu droit à Haifisch en fin de concert avec la "nage" de Flake sur son Zodiac dans le public, mais ça n'est pas bien grave. En deux concerts de Rammstein, j'aurais réussi à entendre à peu près toutes mes chansons préférées.
Parmi les moments forts : le final sur Pussy, avec le canon à mousse en forme de phalus, ou la version acoustique de Mein Herz Brennt, où Till est simplement accompagné d'un piano. Dans l'absolu, ça n'était pas forcément la meilleure chanson, mais son adaptation était vraiment intéressante. Et puis surtout, il y a cette mise en scène sur Bück Dich, qui certes en choquera certains, mais qui était vraiment drôle (pour ceux qui ne connaissent pas, vous pouvez jeter un oeil
là, notamment à partir de 2:34).
En résumé : un set très bien maîtrisé, une mise en scène qui n'a guère d'équivalent à ce jour, une ambiance très bonne quoiqu'un peu sage, une set-list sous forme de best-of. Bref, une excellente soirée !
Quelques points noirs : une salle inadapté si on n'est pas devant. Solidarité avec les 13.000 pauvres pékins derrière moi. Et puis surtout, depuis quand on n'a pas le droit d'avoir un bracelet de force à un concert de métal ??
La set-list :
Ich tu dir weh
Wollt ihr das Bett in Flammen sehen?
Keine Lust
Sehnsucht
Asche zu Asche
Feuer frei!
Mein Teil
Ohne dich
Wiener Blut
Du riechst so gut
Benzin
Links 2-3-4
Du hast
Bück dich
Ich will
Rappels :
Mein Herz brennt (version piano)
Sonne
Pussy
Je suis un gentleman ; c'est marqué sur la porte des chiottes.
Wallace Palès