par iangillan » 07 Fév 2013, 21:27
The Heavy, 5 février au Krakatoa (Bordeaux/Mérignac)
Loin de moi l'idée d'étaler ma vie, mais en ce moment ce n'est pas trop super-riant. Alors oui, un petit concert prévu depuis plusieurs semaines de The Heavy est bienvenu pour revivifier son homme.
Comme je l'ai écrit plus haut, je ne suis pas un adepte intégral des Lourds, avec un peu d'indifférence (polie) concernant le dernier album. Curieux donc de les revoir après 3 ans, et ce gig mémorable à l'espace Tatry. Pour être honnête, je n'ai pas fait l'effort d'approfondir mon écoute du petit dernier, Glorious Dead. Donc, on y va au jugé, sur la base du passé (glorieux, mais pas mort). En retard pour couronner le tout. Enfin, en retard pour le premier groupe de la soirée, The Skins. Juste le temps de choper deux titres et demi, le temps de voir ce groupe hyper jeune développer des titres hard rock/soul de bon aloi, bien interprétés, quoique sans grande surprise. Le son est moyen, mais la jeune chanteuse black assure un max, de même que l'un des guitaristes. De quoi laisser des regrets ... A suivre !
Le second groupe, même avec quelques verres dans la tête, n'est en revanche que d'un intérêt limité. The Computers met ou essaye de mettre une ambiance de feu, et niveau show c'est vraiment amusant dans un style rockabilly enflammé (voire délirant). Je me suis bien marré, bien que le groupe n'ait guère de talent, musicalement parlant -- le tout a presque un intérêt documentaire: une impression assez magique de prendre place dans la machine d'HG Wells et de se retrouver en 1959, avec un groupe qui casse tout selon les standards de l'époque (t'imagines Bill Haley and the Comets dans une salle du Kentucky dans les années 50, et t'as un beau délire ...)
Bon, il suffit, il est l'heure de la soul/funk/rock/hard/blues des Anglais (Gallois ? je ne sais plus) impériaux et néanmoins violents de The Heavy. La bande de Kelvin Swaby, premier constat, n'a pas pris une ride depuis janvier 2010. Au contraire, dès les premières notes de Can't play dead (du petit dernier), on sent ce qui fait à mon sens la magie de ce combo: un chanteur (Kelvin) excellentissime, super showman en dépit de son allure court sur pattes, chapeau black panther 1965; un bassiste aussi longiligne qu'impérial; un guitariste discret mais super efficace, le tout avec l'apport bienvenu de deux saxos et un clavier (on n'arrête pas le progrès depuis la tournée 2010, où Swaby m'avait dit en signant des autographes qu'ils ne pouvaient pas se permettre des cuivres sur cette tournée, cash oblige). Contrairement aux Computers (cf supra), rien n'est outré, tout se passe sur la base de contrastes, de subtilités, même si la musique est globalement très énergique, et le show vigoureux (sans facilités ni outrances). Le groupe enchaîne quelques titres de très bon niveau -- ce groupe vaut aussi par ses compos, tout simplement (dans le désordre, Big Bad Wolf, What you want me to do, Short change Hero, et le reggae de House that Dirt built, dont le titre m'échappe). Au milieu de ces titres familiers, une série de nouveautés, que j'appréhendais un peu, mais qui passent très bien en live (comme on dit, mais en l'occurrence ce n'est pas une formule creuse)-- mieux que lors de mes écoutes cursives de Glorious Dead, en tout cas. Bref, c'est bon. Très bon. The Heavy réussit à faire un truc à la fois simple et rare, allier différents styles de façon homogène, sans aucune ostentation musicale, au gré du vent. Pour moi, et dans une définition large, c'est du hard rock. Du hard rock? En tout cas, cette énergie, je la cherche en vain chez de nombreux groupes plus bruyants.
C'est l'heure des rappels ! That Kind of Man (hélas le seul extrait du petit premier, qui méritait mieux) et l'oversoul hardrockisé de How you like me now (video dans les posts précédents, avec l'assentiment de Jul', qui pourtant d'habitude n'écoute que Powerage ou Born to Die): ce titre déchire tout en live. Je ne suis pas le seul à danser comme un jeune (que je ne suis plus).
Bilan: un show ++ dans un contexte de province tranquille (Krakatoa à moitié plein, c'est pas juste, mais c'est quand même un plus par rapport à 2010, car la salle est plus grande que Tatry -- en tout cas un Krakatoa enthousiaste et connaisseur !!!). Une confirmation par rapport à ce groupe que je suis depuis 2007 ? Assurément. Plus qu'une confirmation ! De la graine de grands !
Whether I'm drunk or dead -- I really ain't too sure ...