POWERAGE: l'insaisissable essence!

Bonjour,
En ces temps de nostalgie et autres questionnements..... je me suis réécouté Powerage..... l'album par excellence.... et j'en ai conclu, subjectivement, ceci:
J’aime Powerage, car il s’agit tout simplement d’un album allant bien au-delà du contexte musical. Powerage, c’est le rendez-vous de cinq types sur le point de vivre une expérience quasi mystique. Une expérience qui ne se répétera plus. Une expérience de l’ordre du moment, de l’instant présent, de l’éphémère. Une expérience où chacun semble aller au plus profond de soi pour en extirper l’essence même de sa propre existence et des obsessions qui peuvent la constituer. Bon Scott en est le paradigme par excellence. Gimme a Bullet et sa ligne de chant transpire généreusement un ressenti, un traumatisme semblant ancré au plus profond de lui. (Silver ?). Si les média ont toujours eu cette tendance à présenter les textes d’AC/DC comme l’apologie de la sempiternelle formule « Sex, Drugs & Rock&Roll », sans doute faudrait-il leur rappeler que Powerage est un album bien plus sombre qu’il n’y paraît, faisant l’économie d’une festivité de débauches en tous genres. De Rock&Roll Damnation à Kicked in the Teeth, Bon Scott est un funambule dont le centre d’équilibre repose sur un point de tension constant à la limite de la rupture. Justement, c’est ce point de tension qui semble donner toute sa singularité à ses expressions vocales qui lui sont propres.
J’aime Powerage, car c’est un album qui culmine à un tel point qu’il semble s’auto-dissoudre dans une autre dimension que le sonore et/ou le musical. Il se dessine en creux des autres albums d’AC/DC, puisque notre approche de cet opus semble s’effectuer par le biais du flou, de son insaisissable essence, et c’est là que le dépassement du musical prend toute sa dimension. Biais du flou, car si Powerage est un album de Rock et de Blues avant tout, il n’en demeure pas moins que ce flou, cet approximatif qui le caractérisent, constituent toute son ambiance particulière. Approximatif, car Powerage déborde de spontanéité, et, de ce fait, possède cette étrange sensation de se donner à l’auditeur tout en se dérobant dans le même instant. Et c’est en ce sens qu’il entre dans la catégorie des productions artistiques nous procurant un je-ne-sais-quoi cher à Dominique Bouhours (pour ne citer que lui). Un je-ne-sais-quoi au cœur de l’expérience sensible et émotionnelle.
J’aime Powerage, car un morceau comme Down Payment Blues, bien que proche du nihilisme musical, relève du génie. Concrètement, il n’y a ici rien d’autre qu’un motif basique, axé sur deux accords que l’on fait tourner sur des variations de tonalités toutes aussi basiques. Un cycle d’accords pouvant faire office d’exercice que l’on donnerait à un apprenti guitariste afin qu’il se familiarise avec le manche de son instrument. Il me semble même que dans toute la discographie d’AC/DC, les frères Young ont rarement proposé quelque chose d’aussi insipide sur le papier. Pourtant, il y a tout dans Down Payment Blues ! Ce morceau va beaucoup plus loin que la simple chanson enjolivée de quelques arrangements ayant une fonction de remplissage. Down Payment Blues, c’est à mon sens l’explicite par excellence de cette aura que je mentionnais auparavant. Cet « indéfinissable », ce je-ne-sais-quoi qui plane au-dessus de l’album. Down Payment Blues, relève de l’entité mystique qui nous dépasse tout en s’emparant de nous et dont nous percevons finalement à peine l’essence profonde. Les musiciens jouant ce morceau me comprendront aisément, mais interpréter Down Payment Blues, ce n’est pas plaquer deux accords. Bien au contraire, c’est aller au-delà du son, c’est faire corps avec le musical pour mieux s’en détacher. A ce propos, dans une interview du milieu des années 1990, Cliff Williams déclarait que certes, Down Payment Blues ne possède que quatre notes à jouer, mais que ces quatre notes suffisaient à son bonheur, à la transcender, à le transposer dans un autre univers. Une autre approche de la musique. Un autre univers qui se construit quasi à partir de rien, mais où Bon Scott transpose sincèrement ce qu’il a vécu, où Angus Young se joue à merveille des différentes relances relatives aux changements de tonalité. Fondamentalement, Down Payment Bues, c’est la simplicité par excellence…. Et c’est là que repose le génie d’AC/DC ! Partir de rien (ou presque) et créer une ambiance, une chaleur, un tout dépassant le simple contexte musical. En 1978, les membres d’AC/DC avaient rendez-vous avec eux-mêmes pour réaliser une telle prouesse….. et force est de constater qu’ils y sont parvenus avec un brio sans équivalent. Qui d’autre aurait pu faire mieux ?
J’aime Powerage car un morceau comme Gone Shootin’, possède cette capacité à être une force compacte venant littéralement s’emparer de son auditeur. Cette intro ! Ce groove de basse-batterie, c’est ni plus, ni moins, qu’un maelstrom insidieux qui pénètre votre intérieur en dégoulinant sensuellement (oui…. sensuellement !) Que dire d’Angus Young ici ? Il a souvent été qualifié de guitariste moyen…. (là n’est pas la question). Du haut (sic !) de ses 23 ans, il nous prouve son exceptionnelle maitrise dans la conception d’un solo. Angus Young n’est pas un monstre de technique, loin de là, mais il possède ce don indéniable du discours, du dialogue dans la construction de ses phrasés, de son touché. Si ceci est particulièrement explicite sur Gone Shootin’, alors que dire de Riff Raff ? Dans l’ouvrage AC/DC : Maximum Rock&Roll de Murray Engleheart et Arnaud Durieux, il est précisé que Angus a enregistré ce solo, juste derrière la console, juste derrière Mark Opitz. « For me, to be sitting at the console while Angus is behind me, right on my shoulder, just pouring out a solo on Riff Raff that’s still there (on the album), it’s legendary stuff….” Un Angus Young spontané, dégagé de toute pression ou stress générés par la lumière rouge engendrée par la pression effectuée sur la touche “record”. Tout est là !
J’aime Powerage pour son caractère approximatif(1) et son mixage souvent décrié comme insuffisant. Mais justement, cette approximation nous place, nous projette dans l’intimité du groupe. Nous sommes là ! Avec eux…. Dans le studio ! Nous sommes là, au cœur d’une ambiance feutrée et enfumée, au contraire d’Highway to Hell dont la production ultra léchée nous met à distance de cette intimité. Nous sommes derrière la vitre…. séparés du groupe.
J’aime Powerage car la pochette de l’album révèle un magnétisme ayant marqué toute une génération. Une pochette on ne peut plus explicite, qui véhicule un mystère. Un visuel efficace mais néanmoins relevant d’un degré hypnotique capable de vous accaparer pendant des heures. Là encore…. Un je-ne-sais-quoi qui nous dépasse.
J’aime Powerage car au final, ce n’est pas un album d’AC/DC, mais c’est Powerage…. Une entité à part entière….. une expérience qui ne se produit qu’une seule fois dans la vie.
En ces temps de nostalgie et autres questionnements..... je me suis réécouté Powerage..... l'album par excellence.... et j'en ai conclu, subjectivement, ceci:
J’aime Powerage, car il s’agit tout simplement d’un album allant bien au-delà du contexte musical. Powerage, c’est le rendez-vous de cinq types sur le point de vivre une expérience quasi mystique. Une expérience qui ne se répétera plus. Une expérience de l’ordre du moment, de l’instant présent, de l’éphémère. Une expérience où chacun semble aller au plus profond de soi pour en extirper l’essence même de sa propre existence et des obsessions qui peuvent la constituer. Bon Scott en est le paradigme par excellence. Gimme a Bullet et sa ligne de chant transpire généreusement un ressenti, un traumatisme semblant ancré au plus profond de lui. (Silver ?). Si les média ont toujours eu cette tendance à présenter les textes d’AC/DC comme l’apologie de la sempiternelle formule « Sex, Drugs & Rock&Roll », sans doute faudrait-il leur rappeler que Powerage est un album bien plus sombre qu’il n’y paraît, faisant l’économie d’une festivité de débauches en tous genres. De Rock&Roll Damnation à Kicked in the Teeth, Bon Scott est un funambule dont le centre d’équilibre repose sur un point de tension constant à la limite de la rupture. Justement, c’est ce point de tension qui semble donner toute sa singularité à ses expressions vocales qui lui sont propres.
J’aime Powerage, car c’est un album qui culmine à un tel point qu’il semble s’auto-dissoudre dans une autre dimension que le sonore et/ou le musical. Il se dessine en creux des autres albums d’AC/DC, puisque notre approche de cet opus semble s’effectuer par le biais du flou, de son insaisissable essence, et c’est là que le dépassement du musical prend toute sa dimension. Biais du flou, car si Powerage est un album de Rock et de Blues avant tout, il n’en demeure pas moins que ce flou, cet approximatif qui le caractérisent, constituent toute son ambiance particulière. Approximatif, car Powerage déborde de spontanéité, et, de ce fait, possède cette étrange sensation de se donner à l’auditeur tout en se dérobant dans le même instant. Et c’est en ce sens qu’il entre dans la catégorie des productions artistiques nous procurant un je-ne-sais-quoi cher à Dominique Bouhours (pour ne citer que lui). Un je-ne-sais-quoi au cœur de l’expérience sensible et émotionnelle.
J’aime Powerage, car un morceau comme Down Payment Blues, bien que proche du nihilisme musical, relève du génie. Concrètement, il n’y a ici rien d’autre qu’un motif basique, axé sur deux accords que l’on fait tourner sur des variations de tonalités toutes aussi basiques. Un cycle d’accords pouvant faire office d’exercice que l’on donnerait à un apprenti guitariste afin qu’il se familiarise avec le manche de son instrument. Il me semble même que dans toute la discographie d’AC/DC, les frères Young ont rarement proposé quelque chose d’aussi insipide sur le papier. Pourtant, il y a tout dans Down Payment Blues ! Ce morceau va beaucoup plus loin que la simple chanson enjolivée de quelques arrangements ayant une fonction de remplissage. Down Payment Blues, c’est à mon sens l’explicite par excellence de cette aura que je mentionnais auparavant. Cet « indéfinissable », ce je-ne-sais-quoi qui plane au-dessus de l’album. Down Payment Blues, relève de l’entité mystique qui nous dépasse tout en s’emparant de nous et dont nous percevons finalement à peine l’essence profonde. Les musiciens jouant ce morceau me comprendront aisément, mais interpréter Down Payment Blues, ce n’est pas plaquer deux accords. Bien au contraire, c’est aller au-delà du son, c’est faire corps avec le musical pour mieux s’en détacher. A ce propos, dans une interview du milieu des années 1990, Cliff Williams déclarait que certes, Down Payment Blues ne possède que quatre notes à jouer, mais que ces quatre notes suffisaient à son bonheur, à la transcender, à le transposer dans un autre univers. Une autre approche de la musique. Un autre univers qui se construit quasi à partir de rien, mais où Bon Scott transpose sincèrement ce qu’il a vécu, où Angus Young se joue à merveille des différentes relances relatives aux changements de tonalité. Fondamentalement, Down Payment Bues, c’est la simplicité par excellence…. Et c’est là que repose le génie d’AC/DC ! Partir de rien (ou presque) et créer une ambiance, une chaleur, un tout dépassant le simple contexte musical. En 1978, les membres d’AC/DC avaient rendez-vous avec eux-mêmes pour réaliser une telle prouesse….. et force est de constater qu’ils y sont parvenus avec un brio sans équivalent. Qui d’autre aurait pu faire mieux ?
J’aime Powerage car un morceau comme Gone Shootin’, possède cette capacité à être une force compacte venant littéralement s’emparer de son auditeur. Cette intro ! Ce groove de basse-batterie, c’est ni plus, ni moins, qu’un maelstrom insidieux qui pénètre votre intérieur en dégoulinant sensuellement (oui…. sensuellement !) Que dire d’Angus Young ici ? Il a souvent été qualifié de guitariste moyen…. (là n’est pas la question). Du haut (sic !) de ses 23 ans, il nous prouve son exceptionnelle maitrise dans la conception d’un solo. Angus Young n’est pas un monstre de technique, loin de là, mais il possède ce don indéniable du discours, du dialogue dans la construction de ses phrasés, de son touché. Si ceci est particulièrement explicite sur Gone Shootin’, alors que dire de Riff Raff ? Dans l’ouvrage AC/DC : Maximum Rock&Roll de Murray Engleheart et Arnaud Durieux, il est précisé que Angus a enregistré ce solo, juste derrière la console, juste derrière Mark Opitz. « For me, to be sitting at the console while Angus is behind me, right on my shoulder, just pouring out a solo on Riff Raff that’s still there (on the album), it’s legendary stuff….” Un Angus Young spontané, dégagé de toute pression ou stress générés par la lumière rouge engendrée par la pression effectuée sur la touche “record”. Tout est là !
J’aime Powerage pour son caractère approximatif(1) et son mixage souvent décrié comme insuffisant. Mais justement, cette approximation nous place, nous projette dans l’intimité du groupe. Nous sommes là ! Avec eux…. Dans le studio ! Nous sommes là, au cœur d’une ambiance feutrée et enfumée, au contraire d’Highway to Hell dont la production ultra léchée nous met à distance de cette intimité. Nous sommes derrière la vitre…. séparés du groupe.
J’aime Powerage car la pochette de l’album révèle un magnétisme ayant marqué toute une génération. Une pochette on ne peut plus explicite, qui véhicule un mystère. Un visuel efficace mais néanmoins relevant d’un degré hypnotique capable de vous accaparer pendant des heures. Là encore…. Un je-ne-sais-quoi qui nous dépasse.
J’aime Powerage car au final, ce n’est pas un album d’AC/DC, mais c’est Powerage…. Une entité à part entière….. une expérience qui ne se produit qu’une seule fois dans la vie.