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POWERAGE: l'insaisissable essence!

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Shannen
 
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POWERAGE: l'insaisissable essence!

Messagepar Shannen » 21 Sep 2016, 16:55

Bonjour,

En ces temps de nostalgie et autres questionnements..... je me suis réécouté Powerage..... l'album par excellence.... et j'en ai conclu, subjectivement, ceci:

J’aime Powerage, car il s’agit tout simplement d’un album allant bien au-delà du contexte musical. Powerage, c’est le rendez-vous de cinq types sur le point de vivre une expérience quasi mystique. Une expérience qui ne se répétera plus. Une expérience de l’ordre du moment, de l’instant présent, de l’éphémère. Une expérience où chacun semble aller au plus profond de soi pour en extirper l’essence même de sa propre existence et des obsessions qui peuvent la constituer. Bon Scott en est le paradigme par excellence. Gimme a Bullet et sa ligne de chant transpire généreusement un ressenti, un traumatisme semblant ancré au plus profond de lui. (Silver ?). Si les média ont toujours eu cette tendance à présenter les textes d’AC/DC comme l’apologie de la sempiternelle formule « Sex, Drugs & Rock&Roll », sans doute faudrait-il leur rappeler que Powerage est un album bien plus sombre qu’il n’y paraît, faisant l’économie d’une festivité de débauches en tous genres. De Rock&Roll Damnation à Kicked in the Teeth, Bon Scott est un funambule dont le centre d’équilibre repose sur un point de tension constant à la limite de la rupture. Justement, c’est ce point de tension qui semble donner toute sa singularité à ses expressions vocales qui lui sont propres.

J’aime Powerage, car c’est un album qui culmine à un tel point qu’il semble s’auto-dissoudre dans une autre dimension que le sonore et/ou le musical. Il se dessine en creux des autres albums d’AC/DC, puisque notre approche de cet opus semble s’effectuer par le biais du flou, de son insaisissable essence, et c’est là que le dépassement du musical prend toute sa dimension. Biais du flou, car si Powerage est un album de Rock et de Blues avant tout, il n’en demeure pas moins que ce flou, cet approximatif qui le caractérisent, constituent toute son ambiance particulière. Approximatif, car Powerage déborde de spontanéité, et, de ce fait, possède cette étrange sensation de se donner à l’auditeur tout en se dérobant dans le même instant. Et c’est en ce sens qu’il entre dans la catégorie des productions artistiques nous procurant un je-ne-sais-quoi cher à Dominique Bouhours (pour ne citer que lui). Un je-ne-sais-quoi au cœur de l’expérience sensible et émotionnelle.

J’aime Powerage, car un morceau comme Down Payment Blues, bien que proche du nihilisme musical, relève du génie. Concrètement, il n’y a ici rien d’autre qu’un motif basique, axé sur deux accords que l’on fait tourner sur des variations de tonalités toutes aussi basiques. Un cycle d’accords pouvant faire office d’exercice que l’on donnerait à un apprenti guitariste afin qu’il se familiarise avec le manche de son instrument. Il me semble même que dans toute la discographie d’AC/DC, les frères Young ont rarement proposé quelque chose d’aussi insipide sur le papier. Pourtant, il y a tout dans Down Payment Blues ! Ce morceau va beaucoup plus loin que la simple chanson enjolivée de quelques arrangements ayant une fonction de remplissage. Down Payment Blues, c’est à mon sens l’explicite par excellence de cette aura que je mentionnais auparavant. Cet « indéfinissable », ce je-ne-sais-quoi qui plane au-dessus de l’album. Down Payment Blues, relève de l’entité mystique qui nous dépasse tout en s’emparant de nous et dont nous percevons finalement à peine l’essence profonde. Les musiciens jouant ce morceau me comprendront aisément, mais interpréter Down Payment Blues, ce n’est pas plaquer deux accords. Bien au contraire, c’est aller au-delà du son, c’est faire corps avec le musical pour mieux s’en détacher. A ce propos, dans une interview du milieu des années 1990, Cliff Williams déclarait que certes, Down Payment Blues ne possède que quatre notes à jouer, mais que ces quatre notes suffisaient à son bonheur, à la transcender, à le transposer dans un autre univers. Une autre approche de la musique. Un autre univers qui se construit quasi à partir de rien, mais où Bon Scott transpose sincèrement ce qu’il a vécu, où Angus Young se joue à merveille des différentes relances relatives aux changements de tonalité. Fondamentalement, Down Payment Bues, c’est la simplicité par excellence…. Et c’est là que repose le génie d’AC/DC ! Partir de rien (ou presque) et créer une ambiance, une chaleur, un tout dépassant le simple contexte musical. En 1978, les membres d’AC/DC avaient rendez-vous avec eux-mêmes pour réaliser une telle prouesse….. et force est de constater qu’ils y sont parvenus avec un brio sans équivalent. Qui d’autre aurait pu faire mieux ?

J’aime Powerage car un morceau comme Gone Shootin’, possède cette capacité à être une force compacte venant littéralement s’emparer de son auditeur. Cette intro ! Ce groove de basse-batterie, c’est ni plus, ni moins, qu’un maelstrom insidieux qui pénètre votre intérieur en dégoulinant sensuellement (oui…. sensuellement !) Que dire d’Angus Young ici ? Il a souvent été qualifié de guitariste moyen…. (là n’est pas la question). Du haut (sic !) de ses 23 ans, il nous prouve son exceptionnelle maitrise dans la conception d’un solo. Angus Young n’est pas un monstre de technique, loin de là, mais il possède ce don indéniable du discours, du dialogue dans la construction de ses phrasés, de son touché. Si ceci est particulièrement explicite sur Gone Shootin’, alors que dire de Riff Raff ? Dans l’ouvrage AC/DC : Maximum Rock&Roll de Murray Engleheart et Arnaud Durieux, il est précisé que Angus a enregistré ce solo, juste derrière la console, juste derrière Mark Opitz. « For me, to be sitting at the console while Angus is behind me, right on my shoulder, just pouring out a solo on Riff Raff that’s still there (on the album), it’s legendary stuff….” Un Angus Young spontané, dégagé de toute pression ou stress générés par la lumière rouge engendrée par la pression effectuée sur la touche “record”. Tout est là !

J’aime Powerage pour son caractère approximatif(1) et son mixage souvent décrié comme insuffisant. Mais justement, cette approximation nous place, nous projette dans l’intimité du groupe. Nous sommes là ! Avec eux…. Dans le studio ! Nous sommes là, au cœur d’une ambiance feutrée et enfumée, au contraire d’Highway to Hell dont la production ultra léchée nous met à distance de cette intimité. Nous sommes derrière la vitre…. séparés du groupe.

J’aime Powerage car la pochette de l’album révèle un magnétisme ayant marqué toute une génération. Une pochette on ne peut plus explicite, qui véhicule un mystère. Un visuel efficace mais néanmoins relevant d’un degré hypnotique capable de vous accaparer pendant des heures. Là encore…. Un je-ne-sais-quoi qui nous dépasse.

J’aime Powerage car au final, ce n’est pas un album d’AC/DC, mais c’est Powerage…. Une entité à part entière….. une expérience qui ne se produit qu’une seule fois dans la vie.

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angus974
 
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Re: POWERAGE: l'insaisissable essence!

Messagepar angus974 » 21 Sep 2016, 18:08

Shannen a écrit:Il a souvent été qualifié de guitariste moyen….


Angus n'a été que très rarement qualifié de guitariste moyen par quelques pseudo journaleux ou guitaristes de mauvais goûts et encore c'était dans les mi-eighties.
Angus Young est un guitariste fantastique qui restera parmi les grands de la 6 cordes.
Touché merveilleux ( ah l'expressivité de ses bends ) , placement rythmique, une attaque incisive, un son magnifique ( c'est pas donné à tout le monde, ça s'appelle le bon goût ) et une certaine vitesse d'exécution pas négligeable ( essayer de jouer thunderstruck en aller retour n'est pas donné à tout le monde ).
Encore une fois, qualifier Angus Young de guitariste moyen montre surtout qu'on a des goûts de chiottes.

Shannen ce n'est pas toi qui est visé bien sûr.

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Garbage Man
 
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Re: POWERAGE: l'insaisissable essence!

Messagepar Garbage Man » 21 Sep 2016, 21:28

Angus Young est un grand guitariste, mais ce n'est pas un pionnier, ni un musicien hyper novateur. Sa grande force c'est qu'il a assimilé le jeu de Chuck Berry (les doubles stops par exemple mais les emprunts ne s'arrête pas qu'à ça) et il a comme tu dis angus974 un touché bluesy très fin. Déjà sur des titres comme You Ain't Got A Hold On Me, Rock'n Roll Singer tout est en place rythmiquement et son touché est merveilleux. Ce qui le différencie de la plupart des guitaristes, et il le dit lui même, c'est que tout son corps s'exprime dans la note, le riff qu'il joue. D'où ses mimiques qu'il fait constamment. Je pense que si il était complètement statique son jeu n'aurait pas la même expressivité. N'empêche j'aimerai être une petite souris pour voir la musique qu'il joue lorsqu'il ne tourne pas. On serait peut être surpris. :mrgreen:

En ce qui concerne Powerage, album que j'adore et qui figure très certainement dans mon top 3 des albums que je préfère chez AC/DC. Je vais peut être faire hurler, mais j'ai toujours trouvé que la pochette et le titre de l'album ne sont absolument pas raccords avec le contenu. Alors évidement il y a des titres explosifs comme Riff Raff, Kicked in the Teeth mais c'est aussi et surtout un album qui a une très grande tonalité bluesy et une prod' qui donne un certain aspect intimiste voir chaleureux. Let There Be Rock aurait pu s'appeler Powerage que ça ne m'aurait pas choqué plus que ça, tant les amplis ont été réglé sur 11 (référence au film "This is a Spinal Tap" pour ceux qui n'auraient pas compris :mrgreen: )

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Re: POWERAGE: l'insaisissable essence!

Messagepar Ballbreaker73 » 21 Sep 2016, 23:04

Garbage Man a écrit:Je vais peut être faire hurler, mais j'ai toujours trouvé que la pochette et le titre de l'album ne sont absolument pas raccords avec le contenu. [...] Let There Be Rock aurait pu s'appeler Powerage que ça ne m'aurait pas choqué plus que ça, tant les amplis ont été réglé sur 11


Je trouve ta réflexion très juste.

Quant au contenu de l'album il y a bien trop à dire pour que je commence à cette heure là.
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Re: POWERAGE: l'insaisissable essence!

Messagepar outoftunes » 22 Sep 2016, 07:41

Garbage Man a écrit:
Je vais peut être faire hurler, mais j'ai toujours trouvé que la pochette et le titre de l'album ne sont absolument pas raccords avec le contenu. [...] Let There Be Rock aurait pu s'appeler Powerage que ça ne m'aurait pas choqué plus que ça, tant les amplis ont été réglé sur 11


Complètement, c'est ce qui fait aussi la particularité de cette galette. On pense entrer dans un monde électrique constant et violent, et en fait il y a de la moquette partout, c'est soft, bluesy, cotonneux mais tellement rock'nroll et groovy.
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Re: POWERAGE: l'insaisissable essence!

Messagepar bluebell » 22 Sep 2016, 09:13

tout faux cher Out. Ca n'est ni soft ni cotonneux. C'est gras, ça suinte, ça sent fort, c'est prolo a Boulogne Billancourt chez Renault, ça shlingue la binouze, ca sent les draps humides d'une nuit de râle
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Re: POWERAGE: l'insaisissable essence!

Messagepar outoftunes » 22 Sep 2016, 09:29

Il n'y a rien de faux, encore une fois c'est pour cela que ce disque est particulier, le ressenti de chacun peut être opposé...mais il reste que c'est du pur génie rock.
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Re: POWERAGE: l'insaisissable essence!

Messagepar BIGNOZ » 22 Sep 2016, 10:17

oui, c'est c'est un disque qui ne te quitte plus...Pour ma part le disque d'une vie depuis qu'un pote me l'a fait écouter en juin...1979. Je lui ai subtilisé, c'était la version avec COLD HEARTED MAN. Au fur et à mesure des réappro chez le disquaire du coin, on a vu et comparé des versions différentes avec ce putain de RNR DAMNATION...Et puis la rééditions en CD avec un mix différents, des outro nouvelles, des solis, des choeurs qu'on n'avait pas avant. Bref j'ai du l'acheter 6 fois sur tous les supports vinyl, cd et k7...
C'est vrai qu'il y a comme une aura dramatique sur ce disque à t'en foutre les jetons... mais ce son...comment arriver à un son de lead pareil, on dirait du violon parfois !
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Re: POWERAGE: l'insaisissable essence!

Messagepar bluebell » 22 Sep 2016, 10:26

outoftunes a écrit:Il n'y a rien de faux


Ha ha. le "tout faux" était pour titiller, ça a marché. I love you Out.

Blague à part, je me souviens d'un article de Hervé Picart dans Best au début des 80's qui disait un truc du style : Autant Let There Be Rock avait un son puissant et rond (je crois même qu'il parlait de plénitude dans le son) autant le son de Powerage est rêche.

Et rêche, ça veut pas dire que c'est moins bien ou pas bon, ça veut dire rugueux, caillouteux. Et c'est exactement ça. Et c'est ça qui est bien. Même si au début, à titre perso quand j'ai découvert l'opus, je trouvais justement que le son était mauvais par rapport au Let There be rock dont j'appréciais en tous points la rondeur, la chaleur et la surpuissance. Donc il m'a fallu m'y habituer. Powerage est un album qui se goûte et s'apprécie dans la durée avec des amis. Comme un vin de Corbières en somme.

PS : Hervé Picart est mon maitre, et les vieux Best, c'est cool.
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Re: POWERAGE: l'insaisissable essence!

Messagepar Garbage Man » 22 Sep 2016, 11:22

bluebell a écrit:PS : Hervé Picart est mon maitre, et les vieux Best, c'est cool.


J'ai eu la chance de rencontrer la crème de l'équipe Best lors d'une soirée consacrée à la sortie d'une compilation des meilleurs articles du mag de ses débuts jusqu'à la fin des 70's. Best c'était une superbe aventure humaine, avec des journalistes qui s'avaient s'effacer devant leur sujet. A 1000 lieues de ce que l'on peut lire chez Rock& Folk aujourd'hui, où les journalistes usent de leur prose ampoulée pour faire bander le lecteur. Ceci dit j'ai un immense respect pour l'époque où Rock & Folk était sous la direction Philippe Paringaux. Désolé pour cette petite aparté journalistique.

Pour en revenir à Powerage j'ai souvenir que les principales critiques concernaient surtout le mixage de la batterie. Qui est il faut l'avouer beaucoup moins percutantes que sur l'opus précédent, et Highway to Hell, celui qui lui a succédé. Je trouve par ailleurs que les albums qu'ils ont produit à partir de Let There Be Rock ont tous une tonalité particulière. Et par conséquent je trouve totalement ridicule la réflexion du journaleux qui a un jour dit à Angus qu'ils avaient fait 10 ou 11 albums (je ne me souviens du nombre exact) qui se ressemblent tous. Évidemment dans la structure des morceaux il y a des ressemblances d'un album à l'autre, mais les prod' sont tellement différentes que ça brise tout sentiment de monotonie. Difficile d'imaginer que les musiciens qui ont enregistré Powerage sont les mêmes qui 3 ans plus tard enregistreront For those about to Rock (we salute you).


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